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Patrick deWitt : Les Frères Sisters (12/07/2013)

patrick deWitt,Patrick deWitt est un écrivain et scénariste canadien né sur l’Île de Vancouver en 1975 qui vit actuellement à Portland dans l’Oregon avec sa famille. Il est l’auteur de deux romans, Ablutions paru en 2010 et Les Frères Sisters sorti à l’automne 2012.

Le lieu, l’Oregon. L’époque, 1851 au temps de la Ruée vers l’Or. Eli et Charlie Sisters sont deux tueurs professionnels redoutés et connus, travaillant pour le compte du « Commodore ». Leur dernière mission consiste à partir pour Sacramento en Californie pour descendre Hermann Kermit Warm, un chercheur d’or. Un décor de western avec tous ses ingrédients typiques. Les tueurs à gages, les filles de joie, les bars et les palefreniers, les chevaux et les chercheurs d’or, les feux de camp et même une poignée d’Indiens pour n’oublier personne.

Pourtant, très vite, le lecteur se rend compte qu’il n’a pas en main un récit de cow-boys basique. Le ton adopté par Patrick deWitt, décalé, l’humour noir discrètement distillé, tout cela intrigue. Les cadavres s’accumulent sur le parcours des frangins mais sous la plume de l’auteur, toutes ces morts paraissent presque naturelles et ne nous tirent nulle compassion, seconds rôles inhérents au genre.

Dès lors on réalise que la mission des Sisters n’a pas tant d’intérêt que cela, en tant que telle. Dans un voyage ce n’est pas le but qui compte, c’est le voyage en lui-même, comme disait l’autre. Le cœur du roman se trouve dans la relation entre les deux frères. Charlie, l‘aîné est aussi le chef, il n’a peur de rien et ne se pose pas trop de questions, il descend tous ceux qui se dressent sur sa route car il est vite contrarié. A l’inverse, Eli, légèrement bedonnant, lui s’interroge sur le sens de la vie et de la sienne en particulier. On comprend que le second n’est pas un vrai tueur dans l’âme, il l’est devenu par la force des choses et s’il pouvait se ranger il ne demanderait pas mieux, pourtant pour le paraphraser, tel était son rêve mais il ne fit rien pour le réaliser. Deux frères au caractère très différent, ce qui fait dire à Eli « Nous sommes du même sang, mais nous n’en faisons pas le même usage. » Quand le roman s’achève, l’intervention du destin contraint les deux frères à renouer des liens profonds et comme Ulysse, heureux d’un long voyage, ils reviennent vivre le reste de leur âge auprès d’un vieux parent.

Patrick deWitt nous offre avec Les Frères Sisters, un bouquin qui mêle le roman d’aventures molles avec le roman intimiste. Un bon livre même s’il n’est pas non plus inoubliable…

 

« Je me levai dans l’idée de continuer à mutiler le corps, de lui vider mon chargeur dans l’estomac, mais, fort heureusement, je changeai d’avis. J’avais le pantalon toujours baissé, et après avoir recouvré quelque peu mon calme, je me saisis de mon organe pour me compromettre. Quand j’étais jeune homme, et que mes accès de colère devenaient incontrôlables, ma mère me conseillait d’utiliser cette méthode afin de retrouver l’apaisement – technique qui, depuis, m’a été fort utile. »

 

 

patrick deWitt,Patrick deWitt  Les Frères Sisters  Actes Sud

Traduit de l’américain par Emmanuelle et Philippe Aronson

 

 

 

 

 

 

15:57 | Tags : patrick dewitt | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook |