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Michael Collins : Minuit dans une vie parfaite (03/10/2013)

Collins Livre.jpgMichael Collins est un romancier irlandais, né en 1964. Il débute ses études en Irlande avant de les poursuivre aux États-Unis, où il décroche son doctorat à l'Université de l'Illinois (Chicago). Il s'engage dans l'écriture, ce qui lui vaut les éloges de la critique et du public. Son style est rapidement apprécié et son premier roman, La filière d'émeraude, est salué par le New-York Times qui le considère comme l'un des ouvrages les plus remarquables de l'année 1993. Minuit dans une vie parfaite est paru en France en 2011.

A Chicago en 1999, Karl, écrivain proche de la quarantaine est à un tournant de sa vie. Après un premier succès littéraire, il rame comme un beau diable pour terminer le roman qu’il espère être son grand œuvre. De son côté, Lori sa compagne, est en mal de grossesse mais souffre de stérilité. Elle décide de recourir à la procréation artificielle ce qui n’emballe pas réellement Karl qui doit affronter des problèmes d’ordre financiers et psychologiques. Il a hypothéqué la maison à l’insu de Lori, pour payer les soins médicaux de sa mère et ses revenus sont à la baisse, son travail de « nègre » pour l’écrivain Penny Fennimore s’amenuisant. Par là-dessus, lui reviennent à la mémoire des souvenirs qu’il aurait préféré enfouis à jamais, l’assassinat de sa maîtresse par son père alors que lui n’était qu’un gamin. Lentement, le couple se désagrège, Lori s’entêtant dans son désir d’enfant, Karl investissant un minuscule gourbi dans un quartier glauque de la ville pour y travailler en paix son roman. De nouveau en contact avec Penny Fennimore, Karl s’emploie à trouver l’inspiration pour étayer le bouquin de sa principale source de revenus.

De l’écrivain j’avais lu Les profanateurs, un très bon roman qui m’a donné envie d’approfondir ma connaissance de l’auteur. Las, ici je n’y ai pas trouvé mon compte. Seule l’écriture, un style bien huilé dégageant une sorte de ronron hypnotique agréable, m’a retenu jusqu’au bout du livre.

Le roman s’éparpille un peu trop, on a du mal à savoir quel thème l’écrivain veut aborder réellement, car ils sont nombreux. Il y a le désir d’enfant de Lori, une femme avançant en âge et qui pense ainsi donner une seconde chance à leur couple ; il est question de mémoire et de traumatisme lié à l’enfance ; la création littéraire est aussi largement abordée, par une mise en abime où l’écrivain place dans son roman des personnages tirés de son environnement réel. Tous sont passionnant en théorie, mais trop dilués comme ici, on peine à s’y intéresser.

Mêmes les héros du roman ne sont pas franchement sympathiques. Karl n’est jamais très aimant envers Lori, laquelle n’a rien qui donne au lecteur l’envie de la mieux connaître et tous deux se font de ces petits mensonges qui font les grandes déchirures. Et ce ne sont pas les nombreux personnages annexes et hauts en couleur du roman qui permettent d’en simplifier la compréhension, chacun repoussant au loin le centre vital du bouquin. Que ce soit Deb la sœur de Lori qui ne peut pas piffrer Karl, Marina une artiste révolutionnaire aux seins nus assassinée, Glen un travelo voisin de Karl qui s’expose se masturbant sur Internet, des russes vivant dans un sous-sol…

Michael Collins en profite également pour se livrer à une critique sociale des Etats-Unis tous azimuts, truffant son roman de réflexions sur différents sujets. « Nous nous sommes coupés les uns des autres, sous prétexte de libertés individuelles, ou plutôt de l’individualisation du rêve américain. » Un roman sombre à la conclusion très morose.

 

« Deb était une des personnes au monde que j’aimais le moins. En apprenant ce que j’avais fait dans le dos de Lori au sujet du crédit, elle lui avait conseillé de demander le divorce, ajoutant avec délicatesse que la seule chose qu’un homme ait le droit de faire dans le dos d’une femme, c’était de lui remonter la fermeture éclair de sa robe. Depuis lors, rien que pour m’énerver, elle persistait à m’appeler « l’escroc » ! »

 

 

Collins.jpgMichael Collins  Minuit dans une vie parfaite  Christian Bourgois Editeur

Traduit de l’anglais par Isabelle Chapman

 

 

 

 

 

 

 

 


Michael Collins - Minuit dans une vie parfaite par Librairie_Mollat

 

17:05 | Tags : michael collins | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |