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Doit-on parler des mauvais romans ? (14/03/2014)

La lecture des blogs littéraires et les échanges par le biais de commentaires déposés ici et là,  m’ont fait réaliser que ce que je prenais pour un fait acquis était illusion. Les bloggeurs ne font pas tous état des mauvais livres qu’ils ont lus ce qui amène cette question, pourquoi ?

Tout d’abord je tiens à préciser que lorsque je parle de « mauvais roman », j’entends dire un livre qui ne m’a pas plu. J’avoue sans honte qu’il existe des romans multi-primés ou des classiques écrits par de grands écrivains qui me laissent de marbre, d’où cette autre précision, en tant que bloggeur je livre mon avis personnel, il vaut ce qu’il vaut, ni plus, ni moins.

A ce point, on doit alors s’interroger sur le rôle des blogs littéraires. Est-il de rendre compte des parutions et faire comme à la télévision ou dans la grande presse, évoquer les bouquins des écrivains archiconnus avec plus ou moins de connivence favorable ? Est-il de parler de bouquins pris dans les nouveautés comme dans les vieilleries, sans s’occuper d’un effet « mode » ? Et enfin, quand un bloggeur tombe sur un livre qui lui déplaît, doit-il l’ignorer, ou bien le chroniquer en trouvant un angle pas trop méchant, ou carrément le descendre dans les cas les plus extrêmes ? Là est la vraie question.

Pour moi, la réponse est claire et sans ambigüité. Je chronique les mauvais livres qui tombent parfois entre mes mains, hélas, et j’en dis tout le mal que j’en pense sans hésitation. Bien entendu la critique doit être argumentée, les « j’adore » comme les « c’est nul » n’ont aucun intérêt ici.

Pourquoi agir ainsi ? Pour une raison toute simple, à mon sens. Premièrement, la production mondiale de livres d’excellente qualité est déjà supérieure à ce qu’une vie entière de lecteur ne suffirait à engloutir. Deuxièmement, chaque rentrée littéraire et même le reste de l’année, déverse sur les tables des librairies des quantités astronomiques de livres tentants. Dans ces conditions, j’estime que notre rôle de bloggeur consiste à aider les lecteurs à faire leurs choix, car tout est là, il faut impérativement choisir et tous les gros lecteurs connaissent cette angoisse quand ils constatent que leur liste des livres à lire s’allonge plus vite qu’elle ne décroît.   

Or, comment mieux aider les gens, si ce n’est en donnant un avis tranché sur un ouvrage. Tout avis est subjectif mais chacun le sait, moi qui écris mon billet, comme celui qui me lit. Quand je dis qu’un roman est mauvais (ou bon d’ailleurs) je ne cherche pas à influencer ceux qui me lisent mais à leur donner mon sentiment profond et honnête afin qu’ils en dégagent leur propre opinion.

Si je tiens un blog, c’est que je veux aider les lecteurs. C’est ma raison unique ! Je ne suis absolument pas là pour défendre des écrivains ou des maisons d’édition. Si mon intérêt littéraire pour un livre rejoint les intérêts de l’auteur et de son éditeur, tant mieux, mais ce sera un pur hasard.

Pour moi, le lecteur lambda – c’est lui que je veux aider, pas le boulimique de lectures - doit toujours affronter plusieurs problèmes avant de se lancer dans la lecture d’un livre : trouver un bouquin qui lui plaise, tenir compte de son prix (à la longue, la lecture revient chère et tout le monde n’a pas de bibliothèque municipale bien garnie) et surtout ne pas perdre son temps. Ne pas lui indiquer qu’il risque de s’égarer en lisant tel ou tel ouvrage serait lui rendre un mauvais service.

Quant aux écrivains et maisons d’édition, malgré tout l’amour que je leur porte puisqu’ils sont la source de mon vice préféré, je leur rappellerai ce proverbe bien connu « Qui aime bien, châtie bien ». Je ne vais pas développer, ce serait trop long, ce qui pour moi est une évidence à savoir la connivence générale entre professionnels du livre : les journalistes, les éditeurs, les remises de prix et certains écrivains, qui « obligerait » les uns et les autres à des renvois d’ascenseur entre amis. C’est donc à nous bloggeurs de faire le boulot de critique réellement indépendante (négative s’entend car la positive ne pose pas de problème évidemment) qui n’est pas assez répandu dans les médias traditionnels.

Un bloggeur qui lit un mauvais livre et qui n’en parle pas par charité pour l’auteur, au regard de son travail, commet une double erreur à mon avis : premièrement il laisse entendre à ses lecteurs qu’il n’a pas lu l’ouvrage donc qu’il est peut-être bon, ce que j’associerai à un mensonge par omission, deuxièmement il fait crédit à l’auteur. Or, je crois qu’il faut impérativement dire aux écrivains ce qu’on pense réellement de leur travail. Ca peut être dur mais c’est la règle du jeu, les écrivains écrivent pour être lus et quoi qu’en disent certains, pour être aimés. Ne pas leur dire notre vérité n’aide en rien les plus vertueux à progresser.  

Enfin, il m’est arrivé de lire un livre et de ne pas l’avoir aimé, tout en ressentant au fond de moi qu’il avait des qualités qui m’échappaient. Dans ce cas, même en le critiquant négativement, je précise que lui et moi n’étions pas faits pour nous entendre.

Pour terminer, je voudrais ramener ce débat à ses justes proportions. Je n’ai pas pour vocation de dénicher les bouquins nuls et les dénoncer sur mon blog, au contraire, j’essaie au maximum de les éviter…

 

Voilà à peu près, toutes les raisons qui me poussent à ne pas taire mon sentiment vis-à-vis des mauvais romans. Mais pour que ce billet prenne un réel intérêt, je vous invite tous, que vous soyez blogueurs, simples lecteurs ou autres, à déposer un commentaire pour enrichir ce débat que je déclare officiellement ouvert !

 

 

 

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