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Interlude de saison (24/12/2017)

« Quand j’habitais encore avec maman, j’attendais le père Noël toute l’année.

Je me disais « au cas où ça lui dirait de revenir rapport à ma liste qui s’allonge » et je posais mes chaussons près de la cheminée et le matin ils étaient toujours vides et mon cœur aussi. – Je t’ai déjà dit cent fois que le père Noël c’est pas pour rien qu’il s’appelle Noël, gueulait maman, et range-moi donc tes chaussons, y a pas de bonne ici à part moi.

J’ai jamais compris non plus comment il faisait pour descendre par la cheminée avec ses kilos en trop et sa grosse doudoune rouge et ses cadeaux sans se coincer et salir, ou même se brûler à cause du feu qui coûte moins cher que le chauffage et pourquoi il viendrait pas plutôt sonner à la porte, en été et en tee-shirt et baskets, comme ça il serait plus léger et il aurait beaucoup plus de cadeaux dans sa hotte.

En plus il vient la nuit quand je dors et je peux pas lui dire en face que ses cadeaux sont jamais sur ma liste et qu’il a dû se tromper avec un autre enfant avec ses oranges, ses bonbons et ses soldats de plomb, alors que j’ai juste demandé entre autres une voiture de course et un ours géant et un garage comme celui à Grégory. A croire qu’il est aussi sourd que maman quand elle regarde la télé et que je lui pose une question.
Une fois je me suis caché derrière le canapé pour lui dire ma façon de penser et j’ai essayé de garder les yeux ouverts mais le père Noël a dû m’envoyer une poudre magique et je me suis endormi et maman m’a réveillé « si le père Noël te voit une seule fois, il ne viendra plus jamais » et j’ai pas recommencé et j’étais quand même bien content de jouer avec mes soldats de plomb. »

 

Extrait du roman de Gilles Paris  « Autobiographie d’une courgette »

07:00 | Tags : gilles paris | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook |