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John Burnside : Scintillation (30/04/2018)

john burnsideJohn Burnside est né en 1955 à Dunfermline, en Ecosse, où il vit actuellement. Il a étudié au collège des Arts et Technologies de Cambridge. Membre honoraire de l’Université de Dundee, il enseigne aujourd’hui la littérature à l’université de Saint Andrews. Poète reconnu, il est aussi l’auteur de romans et de nouvelles. Ce roman, Scintillation, a été traduit en 2011.

Il y a des livres dont je sors pantois, abasourdi d’incompréhension en m’interrogeant sur quel genre d’esprit est capable de pondre de tels trucs. C’est valable pour les navets absolus mais ça l’est tout autant avec cet excellent Scintillation ! Maintenant le plus dur commence, comment vous parler de ce livre et vous donner envie de vous y plonger ?

J’ai l’habitude de débuter mes billets par un rapide résumé de l’histoire, sauf qu’ici, et là est le hic, l’intrigue est incompréhensible (en tout cas pour moi). Tant pis, je me lance : une péninsule, donc un bout du monde, avec une usine chimique désaffectée et abandonnée depuis longtemps ; un bois, dit le « bois empoisonné » ; une ville, l’Intraville, peu décrite mais qu’on devine dans un sale état, peuplée d’habitants malades ou mourants et d’enfants qui vivent leur vie à leurs risques et périls, d’ailleurs, cinq ont disparu ces dernières années sans laisser de traces. Morrison, le seul agent de police de la ville, les a déclarés fugueurs et basta ! Un flic mollasson qui semble à la solde de Brian Smith, un type louche menant des affaires louches et qui vit ailleurs, évidemment. Et puis il y a Léonard, un jeune adolescent héros de ce roman… Voilà pour le décor.

A première vue ça ressemble à un thriller ou un polar sombre, ce qui n’est pas vraiment faux, puisque Léonard sait, mais sans preuves, que les gamins n’ont pas fugué mais qu’il leur est certainement arrivé quelque chose de grave. Pourtant ce n’est pas du tout ce type de bouquin.

Même le plan du roman est difficile à appréhender car le roman donne la parole aux uns et aux autres, au fil des chapitres, et le lecteur peine à suivre le fil de l’histoire initiale. Outre Morrison et Léonard, entreront en scène, Elspeth, une copine dévergondée de Léonard, la bande de vauriens menée par Jimmy avec la belle Eddie qui envoûte notre héros mais aussi l’Homme-Papillon, un étrange entomologiste servant du thé hallucinogène à Léonard.

Je pense que le mot « morbide » décrit assez bien, l’ambiance générale du bouquin. Il y a du malsain, de l’anormal et on y ajoutera une dose de toxicité car il est beaucoup question de mort. Bien que je ne comprenne pas bien ce que je lisais, impossible de lâcher le machin, tant l’angoisse latente - et d’autant plus effrayante qu’on n’en connait pas la teneur – vous tient en haleine : « et quoi que je puisse découvrir dans l’immense salle, je sais que ce ne sera pas humain. »

John Burnside est d’un pessimisme terrifiant et peut-être est-ce une parabole sur l’état de notre monde que ce livre ? Il y est question de pollution, de rumeurs, de pouvoir local quasi maffieux, de tueur en série mais aussi de littérature qui peut sauver… avec ce message ultime - « le péché d’omission, le péché qui consiste à détourner le regard pour ne pas voir ce qui se passe juste sous nos yeux » - qui nous ramène à la triste réalité des JT de 20h.

Un roman qui n’entre dans aucune catégorie répertoriée, un roman que je n’ai pas entièrement compris, je le répète humblement, mais un livre envoûtant, fascinant. Un roman unique.   

 

« Au bout d’un moment, quand les enfants ont commencé à disparaître, de nouvelles hypothèses ont été émises. Les garçons étaient tombés par hasard sur l’un de ces locaux secrets et avaient succombé à un nuage de gaz mortel ; ou bien ils avaient été enlevés en vue de tests, soit par des scientifiques officiels ultra-secrets, soit par des extraterrestres qui tenaient l’usine en observation depuis des décennies. Morrison sait depuis toujours que ce ne sont là que des suppositions oiseuses, bien sûr, car il connait la vérité sur les disparitions. Ou, plutôt, il connait la vérité dans un cas, étant donné que, par une froide soirée d’automne, sept ans plus tôt, il a eu la malchance de trouver Mark Wilkinson pendu à un arbre, à quelques mètres de l’endroit où lui-même se trouve à présent. »

 

john burnsideJohn Burnside  Scintillation  Métailié  - 283 pages –

Traduit de l’anglais (Ecosse) par Catherine Richard 

07:38 | Tags : john burnside | Lien permanent | Commentaires (4) |  Facebook |