Ross Macdonald : Cible mouvante
08/10/2012
De son vrai nom Kenneth Millar, Ross Macdonald est un écrivain américain de romans policiers né en Californie en 1915 et où il décédera en 1983. Il est célèbre pour ses polars (une petite vingtaine) dans lesquels figurent le détective privé Lew Archer.
Cible mouvante, paru en 1949 et réédité avec bonheur par les Editions Gallmeister est le premier de cette série où intervient Lew Archer. Pour information, le roman sera adapté au cinéma en 1966 par William Goldman sous le titre américain Harper, avec dans les rôles principaux, Paul Newman, Lauren Bacall, Janet Leigh, Shelley Winters et Robert Wagner, pour une bien belle affiche.
Ralph Sampson, un magnat du pétrole résidant en Californie, vit avec sa fille Miranda issue d’un premier mariage et sa femme Ellaine devenue paralysée après un accident. Ralph Sampson ayant disparu depuis deux jours, sa femme engage Lew Archer pour le retrouver. Le détective privé se lance dans une enquête – de ce qui s’avère être un enlèvement crapuleux - qui le mènera des résidences huppées du bord du Pacifique aux bouges malfamés où drogue et jazz sont les deux mamelles d’une population interlope.
Lew Archer rencontre beaucoup de monde et tous ont pour point commun, de n’être pas très fréquentables. Un illuminé, adorateur du soleil, une ancienne actrice oubliée versée dans l’astrologie, mais que penser de l’homme à tout faire et pilote d’avion qui vit dans un pavillon attenant à la demeure des Sampson, ou encore des domestiques aux allures louches ? Il y aura des morts, des poursuites en voiture, des raclées, tous les ingrédients que le lecteur est en droit d’attendre dans ce type de bouquin.
Le roman est excellent, à tout point de vue. D’abord parce que l’intrigue est très bien menée et qu’il faut attendre la fin du livre pour en connaître le dénouement, le lecteur ne précédant jamais le détective comme c’est hélas parfois le cas. Ensuite, c’est magnifiquement écrit avec des passages lyriques et des mots choisis. Ce n’est pas un simple polar, c’est un vrai roman, je l’écris pour ceux qui entendent à tort « polar » comme un terme péjoratif. Les personnages ont de l’épaisseur et Lew Archer fait preuve de bon sens, montrant à travers ses réflexions que l’homme d’action est aussi un humaniste, un peu blasé bien sûr, mais c’est la loi du genre pour les détectives privés.
Je découvre aujourd’hui Ross Macdonald et j’en déduis que si la barre est déjà placée à ce niveau pour ce premier roman dont Lew Archer est le héros, il va falloir bien vite que je m’attelle aux autres. Si vous avez aimé Raymond Chandler (Philip Marlowe) ou Dashiell Hammett (Sam Spade) vous adorerez Ross Macdonald (Lew Archer) peut-être plus encore, sachant qu’il est plus proche du premier que du second. Un bouquin que je recommande chaudement et sans hésitation.
« Bon, je récapitule, depuis le début. En 1935, lorsque je me suis engagé dans la police, je croyais que le mal était une qualité avec laquelle certaines personnes naissaient, comme un bec de lièvre. Et que donc le boulot du flic consistait à trouver ces personnes et à les neutraliser. Mais le mal n’est pas si simple. Nous l’avons tous en nous, et le fait qu’il en vienne ou non à s’exprimer dans nos actions dépend de beaucoup de choses. De l’environnement, des opportunités, de la pression économique, du manque de bol, d’un mauvais ami. Le problème, c’est que le flic doit continuer à juger les gens au doigt mouillé et à agir en fonction de ce jugement. »
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