Antoine Blondin : Quat’ Saisons
09/10/2012
Lire Blondin c’est se garantir de tomber dans les textes emberlificotés de certains, les écrits sans style d’autres, les histoires à la mords moi le nœud d’écrivains qui cherchent le truc qui les sortira de la masse anonyme. Blondin c’est du nanan, un pur régal. L’écriture est légère, le style affirmé, l’humour sous-jacent. Un écrivain journaliste (1922-1991) amateur de bistrots, de copains et de rugby, voilà une belle carte de visite qui en dit certainement plus qu’une longue analyse textuelle. Avec Quat’ Saisons paru en 1975 nous avons un recueil de nouvelles découpé en quatre chapitres, un par saison, de l’hiver au printemps pour garder une touche d’optimisme.
En quelques phrases nous sommes plongés dans des histoires rondement menées. Avec Petite musique d’une nuit, un employé de compagnie d’assurance, ravit ses voisins avec le cliquetis de sa machine à écrire qu’ils interprètent comme une musique. Dans Métempsychose nous sommes à Londres, dans l’Angleterre telle qu’on la fantasme, un ancien major devenu responsable du rayon alimentaire d’un grand magasin (service en gants blancs et chapeau de tulle) va jouer sa vie pour combattre une souris capricieuse qui a choisi son rayon pour loger. Avec la très belle dernière nouvelle Nous rentrerons à pied, c’est une très belle histoire d’amour toute en finesse qui clôt ce merveilleux livre. Douze nouvelles, comme les douze mois de l’année, quat’ saisons comme les marchandes du même nom où je vous conseille vivement de faire votre marché.
« La vieille Angleterreavait dégrafé un peu trop vite son corset. Et, comme on s’était ingénié naguère à copier ses excentricités guindées, son débraillé fit mal aux cœurs qui l’admiraient. Humiliée à traversla Livre Sterling, ajournée sans cesse à l’examen d’entrée dans le Marché Commun, sevrée de revanches sur les pelouses de rugby, son génie ne s’exprimait plus guère, cette année-là où je faisais un stage aux Lloyds, que par le truchement de galopins aux cheveux longs ou de poètes blasphémateurs et il semblait improbable que l’invention de la mini-jupe dût lui valoir le Prix Nobel. »
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