J.M. Erre : Le mystère Sherlock
13/10/2012
Jean-Marcel Erre qui publie sousla signature J.M. Erre, est un écrivain français né en 1971 à Perpignan. Il est aussi le frère de Fabrice Erre, auteur de bande dessinée.
A Meiringen (Suisse) les pompiers dégagent l’accès à l’hôtel Baker Street après qu’une avalanche l’ait isolé du reste du monde durant un week-end. Quand les secours pénètreront dans l’établissement, ils découvriront dix cadavres entassés dans la chambre froide de l’hôtel. Tous étaient réunis en un colloque sur Sherlock Holmes, à l’issue duquel devait être élu le titulaire de la première chaire d’holmésologie dela Sorbonne. L’inspecteur Lestrade va mener l’enquête.
En fait d’enquête, le lecteur est plongé dans le drame puisque par l’intermédiaire de notes écrites prises par l’un des décédés, nous vivons en direct avec les reclus prisonniers de la neige, la succession d’évènements tragiques qui font s’empiler les cadavres les uns après les autres dans le frigo de l’auberge.
Les références célèbres abondent, que ce soit Le Mystère de la Chambre Jaune (Maurice Leblanc) ou Les dix petits nègres (Agatha Christie) pour la trame, mais surtout l’ouvrage est truffé de citations et références à l’œuvre du maître et les amateurs du célèbre détective inventé par Conan Doyle vont se régaler à la lecture de ce remarquable roman de J.M. Erre.
L’auteur réussit le tour de force de caser dans un seul bouquin, pas si gros au demeurant, un hommage appuyé à ses illustres confrères, une connaissance encyclopédique de l’œuvre de Conan Doyle, une intrigue policière digne de Sherlock Holmes et par-dessus tout ça, un humour dévastateur. Chaque page, chaque phrase même vous arrache un sourire (« Vous faites jeune, vous faites pure, mais à part ça qu’est-ce que vous faites là ? ») au point que parfois – c’est la seule et minime critique que je ferais à ce livre – on se fatigue de cet humour potache à répétition. Le trop peut être l’ennemi du bien.
L’écrivain ne mégote pas et n’est pas avare de délires non plus, par la bouche des universitaires participant au colloque il imagine des théories dont on se laisserait volontiers convaincre car il avance même des ébauches de preuves ! Arsène Lupin serait le fils caché de Holmes ou bien Mme Hudson serait sa compagne etc. Ce qui l’amène à élargir le champ de son roman et y glisser des réflexions plus profondes que l’aspect rigolo de la lecture ne semblait laisser supposer. A propos du mythe Sherlock Holmes, « un personnage dont le talent dépasse celui de son créateur » ou bien encore sur les auteurs de romans policiers il note « L’auteur est toujours le complice du coupable. Et il est aussi un traître qui lâche systématiquement son comparse à la dernière page. »
Ce bouquin est réellement trop drôle et délicieusement jouissif pour que vous passiez à côté, je vous le recommande chaudement. Quant à moi, la suite tombe sous le sens, je vais me replonger en urgence dans l’intégrale du « Canon » holmésien, à savoir les quatre romans et les cinquante-six nouvelles. Elémentaire.
« Comment entrer dans une pièce où vous attend peut-être un tueur ? Trop peu de parents intègrent cette question essentielle dans l’éducation de leurs enfants, et c’est bien dommage. A cause de cette attitude irresponsable, on dit bonjour à la dame, on ne parle pas la bouche pleine, mais quand on se retrouve devant la porte d’un meurtrier, on a l’air finaud. Chacun fit donc sa proposition, le postulat de base étant que personne ne voulait entrer le premier. Oscar proposa d’enfumer la pièce pour obliger l’assassin à sortir, Perchois de condamner la porte pour l’en empêcher, Dolorès d’envoyer Eva en éclaireur, Eva de se servir de Dolorès comme appât. Difficile de faire un tri… McGonaghan était peut-être encore envie, j’ai donc fait au plus simple : j’ai ouvert la porte. »
J.M. Erre Le mystère Sherlock Buchet Chastel
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