Paul Nizon : la fourrure de la truite
15/10/2012
Tout d’abord évacuons un quiproquo possible, il s’agit d’un livre de Paul NizOn (né à Berne en 1929 mais installé à Paris) et non pas de Paul Nizan (écrivain français 1905-1940).
Un livre relativement mince au format agréable, un titre énigmatique qui ouvre la porte à l’imagination, nous sommes dans le domaine de la poésie en prose, de l’onirique et de la déambulation urbaine. Le texte écrit à la première personne nous apprend que le narrateur vient d’hériter de l’appartement de sa tante défunte, dans le nord de Paris entre la Butte Montmartre et la Porte de Clignancourt. Immédiatement on devine que le héros est encombré par ce legs, comme une poule ayant trouvé un couteau. La formule est connue mais correspond bien, par sa référence aux volatiles, à notre personnage du nom de Stolp, car descendant d’une famille d’acrobates, il doit vivre libre comme l’air et l’on sent qu’il a du mal à atterrir, que son rêve est de vivre comme les hirondelles ou les martinets, qui jamais ne se posent comme il le dit lui-même. A l’étroit dans cet appartement il part dans les rues du quartier, à l’aventure, dans les cafés ou et les restaurants. Au Bar du Football il rencontrera Carmen, mais son esprit reste hanté par une lithographie exposée dans une boutique proche de son nouveau domicile représentant une femme en fourrure, dans une pose sensuelle, surnomméeLa Truite.Leroman est mince à la dimension de son scénario, les amateurs de romans construits sur des histoires solides, des intrigues ou des rebondissements seront déçus, ici tout est dans le style, léger voire aérien comme la vie du narrateur. C’est très beau, facile à lire mais peut-être pas à conseiller à tous, moi-même je ne suis pas trop amateur.
« Pourquoi avoir acheté cette lithographie ? Pour l’avoir ? Ou plutôt pour ne plus l’avoir – sous les yeux, dans la vitrine ? En tout cas il n’était pas question que je l’aie près de moi. J’allais la donner à Carmen. Alors un grand abattement s’empara de mon être, au moment où, dans la pénombre de l’appartement, mes yeux tombèrent sur l’arrière-cour vide de pigeons. »
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