Annie Proulx : Nouvelles histoires du Wyoming
16/10/2012
Annie Proulx est née en 1935 dans le Connecticut et a reçu le prix Pulitzer en 1994. C’est en adaptant une de ses nouvelles que le cinéaste Ang Lee a réalisé le film Brokeback Mountains en 2005. La dame vous est maintenant un peu plus familière.
Avec Nouvelles histoires du Wyoming nous sommes au cœur de l’Ouest américain à travers onze récits dont l’action se déroule autour d’Elk Tooth, un bled perdu mais dans une région que l’écrivaine connaît bien puisqu’elle y vit désormais. Les décors vous les connaissez par les westerns, de grandes plaines, des sommets rocheux et dentelés, des ranchs et des troupeaux de vaches. Sur cette toile de fond Annie Proulx dresse le portrait d’hommes et de femmes quelconques qui sont eux aussi l’Amérique d’aujourd’hui. Des gardes-chasse, une jeune femme qui retrouve ses racines Indiennes, un camionneur. Il est aussi question d’un concours de la barbe la plus longue et d’une courte passion pour les bains chauds qui redonne un peu de vie à Elk Tooth, où les langues trouvent matière à se délier pour les piliers du PeeWee, le Silvertip ou le Mudd’s Hole, les trois bars du coin.
La guerre du VietNam a laissé des traces encore tangibles, les fermiers deviennent une race en voie de disparition au profit des spéculateurs qui tablent sur de probables bénéfices dus au pétrole. Un monde parallèle se construit, fait de faubourgs où stationnent des caravanes décaties, peuplées de soiffards brutaux et pères de familles nombreuses, où des gamins de moins de dix ans biberonnent des canettes de bière sous l‘œil éteint de leurs mères. Mais attention il y a aussi des nouvelles pleines d’humour ou teintées de fantastique.
Le style d’Annie Proulx est plutôt laconique, parfois abrupte même, ce qui en fait un livre très facile à lire. A petites touches elle nous décrit une Amérique, son Amérique.
« Peu de temps après, sa mère commença a décliner. Elle le regardait et disait : « Où est donc Gilbert ? En train de jouer dehors, je parie. Je veux qu’il remplisse la caisse de bois à brûler. » Plus tard elle lui disait : »Tu devras te débrouiller tout seul pour le dîner. Je ne peux pas cuisiner sans bois. » Gilbert se sentait une pointe de remords : quand il était gosse il avait échappé souvent à la corvée de bois. Elle lui demandait souvent si le facteur était passé jusqu’au jour où Gilbert, exaspéré, lui dit : »Tu attends une lettre du président ou quoi ? ». Elle avait secoué la tête mais n’avait rien répondu. »
Annie Proulx Nouvelles histoires du Wyoming Livre de Poche
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