James Salter : Une vie à brûler
16/10/2012
James Salter, né en 1925 à New York sous le véritable nom de James A. Horowitz, est écrivain et scénariste. Son premier roman basé sur son expérience de la guerre de Corée, The Hunters paru en1956, a été adapté au cinéma avec Robert Mitchum en 1958.
Paru en 1997, Une vie à brûler, est une autobiographie de l’auteur. Le bouquin est constitué de deux parties, la première nous narre particulièrement ses années d’études à la prestigieuse école militaire de West Point « Je me préparais à entrer à cette académie de West Point si éloignées de mes préoccupations » pour faire plaisir à son père, puis son parcourt dans l’aviation avec les guerres, de la Corée à l’Europe. Il y a aussi son admiration sans bornes pour les héros de la Conquête de l’Espace. Discrètement il commence à écrire ce qui deviendra plus tard son premier roman The Hunters. C’est à cette époque, âgé de 32 ans qu’il démissionne de l’armée et de l’US Air Force, le lieutenant-colonel Horowitz devient James Salter, profession écrivain.
La seconde partie du livre s’attache plus aux nombreux voyages en Europe et aux rencontres car l’auteur connaît beaucoup de monde, que ce soit Jack Kerouac et Julien Beck côtoyés sur les bancs d’école, D.W. Griffith le célèbre cinéaste pionnier, Irvine Shaw, Robert Redford, Fellini, Polanski et tant d’autres. Les femmes sont très présentes dans sa vie comme on l’imagine, la sienne et celles des autres, discrètement il évoque le décès d’une de ses filles.
James Salter n’hésite pas à lâcher quelques scuds, Marcel Jouhandeau qui fréquentait un bordel homosexuel à Pigalle tous les jeudis après-midi, « Thomas Mann, mon dieu. Ses enfants… inceste à n’en plus finir, constamment » et autres gracieusetés, certainement en vertu du principe qu’il « possédait un appétit aigu pour les commérages, sans lesquels toute conversation est sans saveur ».
Autobiographie, mais roman d’aventures vécues aussi, de ses années de pilote d’avion de guerre puis ses expériences sur les tous premiers avions à réaction, à ses rencontres avec des intellectuels de tous horizons en passant par ses séjours à Hollywood dans les milieux du cinéma comme scénariste et ses voyages en Europe, tout le livre n’est qu’une succession d’épisodes savoureux, cruels et dramatiques parfois.
J’ai eu du mal à entrer dans le bouquin, m’intéressant difficilement aux propos et peinant sur l’écriture. Puis lentement quand je me suis habitué au style de l’écriture, courte et ramassée de l’auteur, parfois elliptique, j’ai pu me consacrer au texte et je n’ai plus lâché le bouquin jusqu’àla fin. Untrès bon livre, même si j’admets qu’il ne puisse plaire ou intéresser tout le monde.
« Il y a cette histoire que j’ai entendue plus tard, celle de l’instructeur qui avait son tour favori pour les élèves pilotes qui avaient des difficultés pour atterrir. (…) C’est alors qu’il retirait la goupille qui retenait le manche arrière en place et, comme l’aspirant se démettait le cou pour voir ce qui se passait, l’agitait en l’air et le balançait par-dessus bord, faisant signe du doigt à l’élève, Toi, à toi de jouer, pointant le doigt vers le bas. Cela marchait toujours. Un jour, pour un lambin de plus, il secoua le manche furieusement, le brandit d’un geste dramatique, et le balança par-dessus bord. L’élève acquiesça sans rien dire, se pencha, détacha son manche, et, tout en ignorant les hauts cris de l’instructeur, le jeta lui aussi. Il regarda l’instructeur apeuré sauter de l’avion en parachute pour ensuite, gloire assurée, ramasser le manche de rechange qu’il avait secrètement amené à bord, regagner le terrain, et atterrir. »
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