Laurent Seksik : La Légende des fils
16/10/2012
Né en 1962 à Nice, Laurent Seksik est médecin et écrivain. Il publie en 1999 son premier roman Les Mauvaises Pensées, traduit dans une dizaine de langues, dont la prestigieuse maison d’édition allemande Rowolt. Après avoir fini son clinicat, il met entre parenthèse l'exercice de la médecine et devient successivement rédacteur en chef du Figaro étudiant, éditeur aux éditions Lamartinière, rédacteur en chef du Bateau-Livres. Critique littéraire au Point, il anime, durant 3 ans, l’émission littéraire d’I-Télé, Postface. Depuis 2006, Laurent Seksik se partage entre médecine et littérature. La Légende des fils est son cinquième roman.
Scott Hatford, treize ans, est un adolescent vivant dans le Phoenix de 1962. Sa mère infirmière de nuit, lui voue un amour maternel absolu, tandis que son père revenu brisé moralement et physiquement de la guerre, impose sa tyrannie de violence àla maisonnée. Entreces deux extrêmes, Scott tente de vivre comme il peut, quand il est à l’école sa mère est à la maison, quand il rentre à la maison sa mère est à l’hôpital, alors la mère et le fils ce sont créés une oasis de court bonheur à deux quand le matin, ils se retrouvent à l’arrêt du bus. Elle, descend du sien qui la ramène du boulot, lui, attend celui qui l’emportera vers l’école, durant ce laps de temps suspendu, mère et fils « ne connaissaient pas, excepté le dimanche, d’autres endroits où se voir, d’autres endroits pour se parler ».
Si la mère n’est que douceur avec son fils et patience avec son mari, celui-ci revenu avec une jambe folle de la guerre, n’est plus qu’une épave anéantie par les horreurs, sans boulot, picolant devant sa télé, risée des gamins du quartier, il n’a plus que la violence pour exprimer sa souffrance intérieure et Scott dérouille plus souvent qu’à son tour. Un jour, la mère et le fils tentent de s’enfuir en voiture une fois encore, pour échapper à leur bourreau.
Je ne peux pas dévoiler la fin du roman qui dès lors bascule, sur cette route 17 « faille béante de la route maudite, là où son enfance avait pris fin, voie du malheur, piste des anges ». Disons qu’un évènement tragique va chambouler la vie du père et celle du fils et qu’au prix de ce drame, l’homme et l’enfant repartiront sur de nouvelles bases.
Je suis assez partagé sur ce roman, car si j’ai trouvé certains passages assez réussis et mêmes très beaux, de nombreux autres m’ont assommé. Entre le lyrisme pesant et lourd de certaines longues phrases bavardes comme celle débutant page 129 pour se terminer page 131, ou d’autres incompréhensibles comme « Il ne craignait plus rien de son père, le petit homme aux pieds de la grande blonde, Jeffrey au pays des merveilles. » et les trop nombreuses références à la religion, j’ai souvent ressenti un ennui poli.
De même, les descriptions de cette région des Etats-Unis, l’accumulation de détails sur la vie à cette époque, font un peu factices, comme un acharnement à nous prouver que l’écrivain connaît parfaitement le cadre où se déroule son histoire.
Beaucoup de critiques, mais pourtant au final je ne dirai pas que ce roman est mauvais, il y a quelque chose qui le sauve, une tendresse pour Scott de la part de Laurent Seksik, dans ce récit de l’innocence perdue.
« Soit indulgent, mon fils. Tu sais, tout le monde n’est pas fait du même bois. Certains êtres sont imparfaits. Des fêlures immenses, nous traversent, la vie nous semble insurmontable. Nous ployons sous le poids d’une faute inconnue. Nous implorons un court répit. Nous aimerions savourer tous les instants de la vie sans ce goût amer au fond de notre bouche. Nous essayons de faire de notre mieux. Nous remontons à contre-courant le cours des existences. Nous nous débattons au milieu de flots de fureur imaginaires. Nous avançons en plein brouillard. »
1 commentaire
Comme je le disais dans mon commentaire, le style est poétique avec souvent de longues phrases qui traduisent bien la pensée de Scott en une sorte de monologue intérieur. Une belle écriture.
Cependant, j'ai trouvé quelques longueurs et trop de références inutiles à mon sens à la religion. Il y a peu d'action et par moments on se lasse de ces longs monologues.
J'ai donc comme vous mis ***.Je suis tout à fait d'accord avec vos remarques.
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