Philip Roth : Portnoy et son complexe
16/10/2012
L’un, ou même le plus connu des romans du célèbre écrivain américain Philip Roth né en 1933 à Newark aux Etats-Unis, maintes fois couronné à travers le monde pour ses différents bouquins et qui vit désormais dans le Connecticut.
Le livre date de 1967, traduit en français en 1970, il faut le préciser pour mesurer le choc qu’il a pu produire à l’époque, et aujourd’hui encore pour certains, car tout le long de ce roman l’auteur ne parle que de cul ! D’où le titre, car le « complexe de Portnoy » est un trouble caractérisé par un perpétuel conflit entre de vives pulsions d’ordre éthique et altruistes et d’irrésistibles exigences sexuelles.
Alex le héros du roman, est fonctionnaire à la mairie de New York. D’origine juive il a vécu dans une famille de type matriarcale où la mère mène tout le monde à la baguette et le père est un faible atteint de constipation chronique ! Enfant étouffé par une mère surprotectrice, il ne trouve d’échappatoire que dans la masturbation forcenée, plusieurs fois par jour et en tous lieux. Plus tard il collectionnera les conquêtes féminines sans assouvir sa (qué)quête.
Le livre accumule les scènes d’anthologie. Entre sa mère omniprésente, on pense aux sketches ou films avec Guy Bedos, et les parties de branlettes hallucinées, on rit beaucoup même si à la longue on peut se lasser de l’étalage de ses turpides en solitaire ou de ses parties de jambes en l’air avec ses différentes partenaires.
Il ne s’agit bien évidemment pas d’un roman pornographique, car derrière les images néanmoins crues, le livre cache une confession. En fait il s’agit du long monologue d’un patient à son psychanalyste. Mais quel est le « problème » d’Alex ? Son avidité sexuelle ou sa judéité ?
Il n’est pas toujours aisé de lire ce roman, car Philip Roth n’utilise pas une narration linéaire, nous sautons parfois du coq à l’âne, d’une époque à une autre, d’un souvenir à un fantasme. Parfois l’accumulation de scènes de sexe lasse, c’est vrai. Au final, la balance est à l’équilibre entre cette lassitude et les fous rires rentrés à la lecture de certaines pages, mais Alex est un héros de roman qui restera à jamais dans nos mémoires.
« Tap tap tap, ce n’est que moi, maman – ce gros chien si gentil m’a ramené à la maison avec ma canne. Un chien ? Chez moi ? Fais-le tout de suite sortir d’ici avant qu’il cochonne tout ! Jack, il y a un chien dans la maison et je viens de laver le lino de la cuisine ! Mais maman, il es ici pour y rester, il faut qu’il reste – c’est un chien dressé. Je suis aveugle. Oh ! Mon Dieu ! Jack ! crie-t-elle, tournée vers la salle de bains, Jack, Alex est revenu avec un chien – il est devenu aveugle ! Lui ? Aveugle ? répond mon père. Comment pourrait-il être aveugle, il ne sait même pas ce que ça veut dire d’éteindre une lampe. Comment ? hurle ma mère. Comment ? Dis-nous comment une chose pareille… Maman, comment ? Qu’est-ce que tu crois ? En fréquentant des filles chrétiennes. »
Philip Roth Portnoy et son complexe chez Folio
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