Terry Southern : Texas marijuana
16/10/2012
Terry Southern ne m’était pas inconnu mais depuis bien longtemps je ne pensais plus à lui. En 1968 j’avais lu Candy le bouquin écrit en collaboration avec Mason Hoffenberg, une adaptation du Candide de Voltaire en version libertine où une jeune étudiante belle et blonde (déjà !) découvre la sexualité et le bouquin nappé de poussière sommeille dans mon Enfer. Un jour il faudra que j’aborde ici ce pan de ma bibliothèque où s’empilent quelques ouvrages assez chauds.
Donc le Southern avait toute ma sympathie car il était toujours dans les bons plans. Je pourrais en citer une longue liste comme : scénariste de Easy Rider et du Docteur Folamour, copain des Stones, admiré par Norman Mailer ou William Burroughs, présent sur la pochette de l’album des Beatles Sergent Pepper’s (le type avec des lunettes noires au-dessus à gauche de John Lennon), bon j’arrête car je vous vois, vous vous dites mais comment puis-je ne pas connaître ce gars ? Je comprends votre interrogation mais je ne suis pas responsable de votre vie. Terry Southern est décédé en 1995.
Revenons en à l’actualité, Texas marijuana que viennent de publier les éditions Gallmeister est un recueil de textes parus entre 1955 et 1967. Vingt-trois nouvelles où l’on parle du fiasco de la Baie des Cochons, de Mickey Spillane, d’un fan de jazz à Paris, d’une virée en bagnole sur une route perdue du Mexique ou d’une école de majorettes.
Certains textes sont assez moyens, d’autres très drôles, tous très précis, très journalistiques et instructifs comme lorsque il aborde les techniques de lancer du bâton des majorettes, oula dope. Parfoisles chutes sont abruptes, mais lire Terry Southern assure de bons moments et comme il le disait lui-même « Ce qui compte dans l’écriture, c’est la capacité à étonner. »
« Le hash semblait avoir un effet bénéfique sur le jeu de Buddy. Il en eut un, en tout cas, sur l’écoute de Murray – chaque note et chaque nuance lui parvenaient directement, à travers les bruits de verre au bar et les conversations marmonnées tout autour, comme s’il avait des écouteurs branchés sur le piano. Il percevait des subtilités qui lui avaient échappé auparavant, des constructions sonores complexes, chacune soutenant la suivante, d’un côté d’abord, puis d’un autre, le tout habilement entrelacé dans un tissu évanescent de commentaires et d’insinuations ; les trilles n’étaient pas soit verticaux soit horizontaux, mais des spirales montantes, arabesques fulgurantes et figurines. Il était clair pour Murray que le musicien construisait quelque chose là, sur le podium… quelque chose de splendide et grandiose, mais parfaitement proportionné pour être adapté à cette salle, pour être installé, en fait, tout près du piano lui-même. »
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