S.J. Watson : Avant d’aller dormir
17/10/2012
S.J. Watson a 39 ans, natif de Grande-Bretagne il y a travaillé durant de longues années pour le Ministère de la Santé avant de faire paraître ce premier roman.
A la suite d’un accident survenu vingt ans plus tôt, Christine est devenue amnésique, une forme particulière de cette pathologie puisque chaque matin elle se réveille en s’imaginant avoir vingt ans et être encore étudiante, alors qu’elle en a quarante-sept et qu’elle est mariée. Son neuropsychologue lui conseille alors de rédiger un journal intime pour y consigner tous ses maigres souvenirs ce qui lui permet à chaque relecture, le matin au réveil, de ne plus repartir de zéro.
Cette mise au propre de ses souvenirs va bientôt déclencher une série de questions restant sans réponse, avait-elle un enfant et qu’est-il devenu, où est passée son amie Claire, de quel accident a-t-elle été victime, pourquoi son mari Ben semble-t-il si réticent à lui fournir des explications, pourquoi le docteur Nash lui a-t-il conseillé d’écrire son journal intime à l’insu de son mari ? « Le Dr Nash marque une pause puis enchaîne, « je ne suis pas certain que Ben sache que nous nous voyons. »
Les questions se succèdent, des réponses surgissent puis vient le temps des contradictions, donc des suspicions ce qui engendre de nouvelles questions encore plus angoissantes, Ben lui ment-il, mais pourquoi ? « Mon mari me raconte une version de la manière dont j’en suis arrivée à ne plus avoir de mémoire, mon intuition m’en souffle une autre. »
Je ne peux décemment pas vous en dire plus de l’intrigue, mais ce qui est certain c’est que ce roman est un magistral thriller. L’histoire avance paradoxalement à un rythme posé qui met encore plus les nerfs à cran, tout est banal dans le récit, une vie tranquille dans un quartier de Londres, excepté que Christine ne sait plus rien de sa vie passée et qu’elle commence à subodorer qu’on lui cache sciemment des choses. Tout est parfait dans ce roman, au-delà d’un « simple » thriller, il s’agit de littérature, le livre est superbement écrit, l’intrigue monte crescendo jusqu’à la fin – le dernier chapitre doit être lu d’une traite pour ne pas devenir fou d’impatience -, les personnages gravitant autour de Christine passent du camp « amis » au camp « ennemis » et inversement au fur et à mesure qu’on progresse dans la lecture.
Comment peut-on écrire un si bon premier livre ? Mr Watson réalise un sans faute avec cet Avant d’aller dormir que je vous recommande vivement pour vos vacances d’été, et il paraît que Ridley Scott en a déjà acheté les droits pour le porter à l’écran. Par contre n’ouvrez pas ce bouquin avant d’aller dormir, nuit blanche assurée. La chute était facile, je sais, mais je n’ai pas pu résister.
« La boîte était à l’endroit que j’avais décrit dans mon journal, fermée à clé, comme je l’avais soupçonné. Je n’en étais pas contrariée. J’ai commencé à regarder. Je me suis dit que je ne m’arrêterais pas tant que je n’aurais pas trouvéla clé. J’ai d’abord fouillé le bureau. Les autres tiroirs. Je l’ai fait méthodiquement. J’ai tout replacé là où je l’avais trouvé, et après, je suis allée dansla chambre. J’ai ouvert les tiroirs, fouillant entre ses slips, ses mouchoirs, soigneusement repassés, les maillots de corps et les t-shirts. Rien, et rien dans mes affaires non plus. Les tables de nuit avaient des tiroirs. J’avais l’intention de fouiller chacun d’eux, en commençant par le côté du lit où je n’avais pas dormi. J’ai ouvert le tiroir du haut et fouillé son contenu – des crayons, une montre qui ne marchait plus, une plaquette de pilules que je ne reconnaissais pas – avant d’ouvrir le tiroir du bas. Au départ j’ai cru qu’il était vide. Je l’ai refermé doucement, mais en le poussant, j’ai perçu un tout petit bruit, de métal frottant contre du bois. Je l’ai ouvert à nouveau, mon cœur battant à tout rompre. C’était une clé. »
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