Jussi Adler-Olsen : Délivrance
29/12/2012
Jussi Adler-Olsen, de son vrai nom Carl Valdemar Jussi Adler-Olsen est un écrivain danois né en 1950 à Copenhague. Après avoir été guitariste dans un groupe de musique pop, il s'essaie à la médecine puis aux sciences politiques, étudie le cinéma, mais aussi les mathématiques. Plus tard, il transforme son appartement en boutique de BD d'occasion, monte une maison d'édition, joue les scénaristes et participe au Mouvement danois pour la paix. Depuis 2007, Jussi Adler-Olsen s'est spécialisé dans le roman policier et plus précisément dans le thriller. Délivrance, son troisième roman, paraît dans les prochains jours et nous y retrouvons les personnages de Profanation.
Une bouteille en verre dépoli qui traine depuis des années dans un commissariat du Nord de l’Ecosse. A l’intérieur, une lettre écrite en danois et en lettres de sang réclamant de l’aide. Quand elle parvient au bureau des Affaires Classées de Copenhague, l’inspecteur Carl Morck la confie à ses assistants Assad et Rose qui parviennent à en déchiffrer quelques fragments révélant qu’elle a été écrite treize ans auparavant par un jeune garçon enlevé avec son frère.
Sans trop y croire et au vu de l’ancienneté du document, l’enquête débute mollement avant que Morck et son équipe ne réalisent que le criminel sévit toujours et qu’il prépare un nouveau crime monstrueux.
Disons le tout net, ce Jussi Adler-Olsen sait bougrement comment s’y prendre pour vous faire trépigner dans votre fauteuil car on lit son énorme pavé de 600 pages, à bride abattue, obsédé par l’envie d’arriver à l’épilogue. Et commet s’y prend-il pour nous tenir en haleine ?
D’abord, il faut un thème porteur, les milieux religieux sectaires ou apparentés, des communautés où l’on vit sous la férule d’un Dieu intolérant, des familles nombreuses sous le joug de croyances et de règles d’un autre âge et gare à ceux qui voudraient s’en dispenser. Le poids intolérable de ces contraintes pour certains enfants qui en resteront marqués psychologiquement leur vie entière. C’est de ce terreau qu’a émergé le tueur psychopathe du roman. Je ne dévoile rien, dès le début du bouquin les personnages sont connus.
Ensuite, le criminel et ses crimes doivent être effrayants. Il est calme et froid comme la lame du couteau, extrêmement organisé et méthodique, tout est prévu dans les moindres détails, ses bases de repli sont nombreuses et il sait jouer les caméléons. Ses crimes sont atroces puisqu’il s’attaque toujours à des enfants et les tue sans remords.
Enfin, l’auteur sait rendre dingues les lecteurs car il connaît tous les trucs qui énervent. Les digressions qui nous éloignent du sujet, une enquête en parallèle pour nous faire perdre notre temps, de petits mystères sur les collaborateurs de Carl Morck, Assad à la personnalité trouble et Rose à la personnalité double. Sans oublier ces astuces éculées mais qui marchent toujours, des innocents à deux doigts de la mort et qu’on abandonne le temps d’un nouveau chapitre, etc. etc.
Il est vrai qu’au début de ma lecture, le tour de main de l’écrivain m’a paru trop voyant, qu’intellectuellement ça ne me titillait pas trop puisqu’il n’y a rien à deviner ou découvrir, le romancier nous le dévoilant lui-même. Puis la machine s’ébranle et le rythme devient infernal, Adler-Olsen nous entraîne à vive allure dans son sillage et je vous défie de descendre en route ! Cramponné au pavé vous n’avez plus qu’une hâte, arriver au bout, atteindre la délivrance.
« C’est ce jour-là que sa mère prononça la phrase qui devait les séparer à jamais. « Tu es la progéniture du Malin, dit-elle froidement. Que le Diable t’emporte d’où tu viens. Que les flammes de l’enfer brûlent ta chair et t’infligent la souffrance éternelle. » Elle hocha doucement la tête. « Je lis la peur sur ton visage à présent, mais c’est trop tard. Lucifer a déjà pris possession de ton âme, et nous t’avons tourné le dos. » Elle ouvrit la porte et le poussa dans la pièce qui puait le vin de Porto. »
Jussi Adler-Olsen Délivrance Albin Michel – parution le 3 janvier 2013 –
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