Marcel Pagnol : Le Château de ma mère
10/01/2013
Marcel Pagnol est un écrivain, dramaturge et cinéaste français, né en 1895 à Aubagne (Bouches-du-Rhône), mort le 18 avril 1974 à Paris à l'âge de 79 ans. Il devient célèbre avec Marius, une pièce de 1929. Cinq ans plus tard, à Marseille, il créé sa propre société de production et ses studios de cinéma, et réalise de nombreux films – entrés dans mon panthéon culturel - avec entre autres Raimu, Fernandel, Pierre Fresnay, Louis Jouvet ; citons pour exemples, Angèle (1934), Regain (1937), La Femme du boulanger (1938) etc. En 1946, il est élu à l'Académie française. En 1957, après s’être éloigné du cinéma et du théâtre, il entreprend la rédaction de ses souvenirs d'enfance avec notamment La Gloire de mon père et Le Château de ma mère.
Ce deuxième volet de souvenirs reprend le cours du récit précédent, Marcel, son père Joseph et l’oncle Jules sont à la chasse, principale activité de ces mois de vacances en été, dans leur maison de campagne. Les liens d’amitié avec le jeune Lili, un gamin du coin, se sont resserrés, désormais ils sont amis pourla vie. Liliapprend à Marcel, la nature et les animaux, Marcel enseigne à Lili, les mots et les chiffres.
Aussi, quand vient l’époque où les vacances s’achèvent pour reprendre l’école, Marcel ne le supporte pas et décide de s’enfuir pour vivre en ermite au cœur de la garrigue dans les collines, avec la complicité de Lili très impressionné par le courage de son copain. Cette résolution ne durera pourtant qu’une seule nuit, freinée par le fantôme du Grand Félix et deux gros hiboux, avant le retour au bercail et le départ pour la ville.
La famille se languissant de la campagne, s’organise pour y passer ses week-ends. Une vraie expédition, plusieurs heures de marche avec des paquets plein les bras. Un ami de Joseph leur confie une clé, permettant de suivre discrètement un canal traversant plusieurs propriétés et châteaux, ce qui constitue un énorme raccourci pour rejoindre leur maisonnette. Un jour, un garde les surprend et Joseph humilié, vivra dans la crainte de se voir infliger un blâme ou d'être révoqué par l'inspecteur d'académie. Heureusement, les choses s'arrangent.
Les dernières pages de l’ouvrage nous apprennent le décès survenu cinq ans plus tard de sa mère Augustine, de son ami Lili pendant les combats de la Grande Guerre et de son petit frère Paul à 34 ans alors qu’il avait choisi le métier de chevrier. Enfin, ultime pirouette, alors que Pagnol devenu adulte longtemps après, tentera de monter des studios de cinéma près de Marseille, il achètera, par un intermédiaire et sans l’avoir vu, un château ; justement celui qui effrayait tant sa mère lorsqu’ils empruntaient le fameux raccourci le long du canal, « l'affreux château, celui de la peur de ma mère ».
Mieux encore que La Gloire de mon père, le second tome des souvenirs d’enfance de Pagnol est plus émouvant – la découverte de l’amitié profonde avec Lili, son amour sans bornes pour sa mère Augustine qu’il tente de protéger des fatigues et tourments dela vie. Son admiration pour son père était déjà connue, par contre si son petit frère Paul est évoqué, sa sœur encore plus jeune est presqu’ignorée. Narrativement aussi, l’intérêt est plus fort, la fuite de Marcel et Lili dans les collines de nuit, la traversée secrète des propriétés privées et les rencontres cocasses.
« - Eh bien, moi, ce qui m’a manqué, ce sont des cabinets confortables, sans fourmis, sans araignées, sans scorpions, et munis d’une chasse d’eau. Voilà donc à quoi il pensait, ce grand buveur de vin, avec ses grosses fesses : parmi le thym, le romarin et les lavandes, au chant des grillons et des cigales, sous le ciel d’un bleu vif où naviguaient les provençales, il n’avait pensé qu’à ça ! Et il l’avouait ! »
Marcel Pagnol Le Château de ma mère – Souvenirs d’Enfance 2 Editions Pastorelly
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