Le Nature Writing un genre littéraire
22/03/2013
Ces dernières années ont vu surgir un nouveau genre littéraire, le « Nature Writing ». On pourrait discourir longtemps sur l’opportunité de vouloir classer à tout prix mais au milieu de toutes les piles de livres chez les libraires ou dans les catalogues, il est bon d’avoir des points de repères – qui valent ce qu’ils valent – mais permettent aux lecteurs de guider leurs choix. C’est la raison pour laquelle j’ai moi-même adopté ce terme, devenu universel, pour nommer une rubrique de mon blog.
Dénomination d’origine américaine conservée telle quelle par chez nous, par facilité j’imagine, « nature » et « writing » parlant assez, même pour les non-anglophones. Je suppose aussi que cette idée revient au service marketing des éditeurs, l’anglicisme étant une valeur sûre dans cette profession.
Première constatation, « C’est un genre littéraire majeur aux États-Unis. Attaché à décrire la rencontre de l’homme et de la nature, souvent basé sur des descriptions rigoureuses de l’environnement, il comporte une dimension philosophique fondamentale, destinée à rendre à la nature la place qui lui revient » sans pour autant en faire un courant écologiste stricto sensu. Si l’on voulait rapprocher le Nature Writing de quelque chose de connu, on pourrait à la rigueur y voir une version plus moderne de la fameuse contre-culture des années 60’. Avec des personnages de roman qui vivent en marge de la société urbaine traditionnelle, que ce soit leur mode de vie permanent ou bien qu’il ne dure que quelques semaines, le temps d’une randonnée par exemple, retrouvant les gestes et les modes de vie des pionniers ou des trappeurs, figures légendaires de l’Amérique sauvage.
Ecrivains américains donc, et plus particulièrement de l’Ouest américain, ils intègrent des genres divers comme le polar ou le roman psychologique, en les plongeant dans un décor ou un environnement fait de ces grands espaces américains qui font rêver les lecteurs européens (et autres ?), que ce soit un désert, un canyon, des plaines herbeuses ou de vastes forêts inhabités par l’homme - les Etats-Unis sont un continent offrant tous les écosystèmes connus - jusqu’à ce qu’on y croise les héros de leurs romans. La nature n’est alors plus simple décor mais acteur du roman. Randonneurs, chasseurs, pêcheurs à la mouche etc. certains approcheront de près la mort, d’autres ne feront que vivre leurs passions liées à la nature.
La grande force de ces romans tient au fait qu’ils sont écrits par des hommes (pas de femmes à ma connaissance ?) qui savent de quoi ils parlent, traquer un cerf, pêcher une truite, faire un feu sans allumettes… parlant d’hommes seuls et ne pouvant compter que sur les seules ressources de leur intelligence et de leur corps pour vivre ou survivre au milieu d’un environnement qui ne leur livrera que ce à quoi ils ont droit. La nature est une mère, mais une mère juste qui sait cajoler comme châtier quand il le faut. C’est de ces ingrédients, accolés à l’intrigue de leur bouquin que naît un roman de Nature Writing.
Mais attention, si la catégorie littéraire est nouvelle, les écrivains qui s’y inscrivent ne sont pas obligatoirement contemporains, Henry Thoreau (1817-1862) et son fameux Walden, Ralph Waldo Emerson (1803-1882) ou d’autres, peuvent être considérés comme les ancêtres des Jim Harrison ou des Dan O’Brien d’aujourd’hui.
Si vous voulez en savoir plus sur cette école littéraire, vous pouvez lire l’article consacré au sujet par l’Express, mais vous devez surtout vous procurer n’importe quel bouquin des éditions Gallmeister, un éditeur dont je ne saurai jamais dire tout le bien que j’en pense, sans publicité aucune.
3 commentaires
Des femmes? Annie Dillard, Gretel Erhlich?
Pour avoir lu quasiment tout le catalogue Gallmeister, je ne peux qu'applaudir à ce billet...
Keisha,
Un simple regard au catalogue de Gallmeister m’aurait convaincu qu’il existe quelques femmes qui se sont risquées dans ce genre, mais il faut avouer qu’elles sont rares, ce que je voulais juste faire remarquer. Par contre, puisque vous avez beaucoup lu, ces écrivaines sont-elles fréquentables au même titre que leurs homologues masculins ? Apportent-elles un « plus » féminin, ou bien s’agit-il de romans qui pourraient avoir été écrits par des hommes ?
Pour les deux auteurs que je cite, je pourrais dire que oui (on n'a pas de chasse et de pêche, mais en disant cela je vais tomber dans des stéréotypes)
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