Hideo Okuda : Les Remèdes du docteur Irabu
07/04/2013
Né en 1959, l’écrivain japonais Hideo Okuda a publié son premier roman en 1997. Il est l’auteur d’une œuvre riche et variée, primée de multiple fois. Les Remèdes du docteur Irabu ont été édités en 2002 et constituent le premier tome d’une trilogie.
Le docteur Irabu est psychiatre. Un psychiatre un peu spécial si on le prend tel quel, mais qui à la réflexion, se confond mieux avec le milieu dans lequel il évolue. Petit et obèse, souriant en montrant ses gencives, son cabinet où échouent ceux que les médecins « sérieux » des étages supérieurs ne peuvent soigner, se cache au sous-sol d’une clinique à son nom. Célibataire, il semble avoir un problème d’Œdipe non résolu avec sa maman, de plus il est obsédé par les piqûres. Sa secrétaire infirmière est une bombe exhibitionniste, dévoilant sous sa blouse blanche, cuisses ou poitrine aux rares patients qui entrent ici.
Recueil de cinq nouvelles, Hideo Okuda nous expose les cas de patients atteints de pathologies étranges et la manière dont le docteur Irabu va les soigner. Parmi les cas décrits, nous ferons connaissances avec Tetsuya Taguchi qui souffre de priapisme, ou avec Hiromi une jolie jeune femme sexy attachée à son look et qui se croit suivi en permanence, ou bien Yûta Tsuda ce lycéen cramponné à son téléphone portable qui arrose ses amis de mails toute la journée tandis que Yoshio Iwamura, reporter, souffrant de troubles obsessionnels compulsifs, ne peut plus sortir de chez lui craignant que son appartement ne prenne feu.
La méthode du psychiatre est la même pour tous, à peine entrés dans son cabinets, les malades sont piqués ! Ce qui a pour effet de désarçonner les patients, faire jouir le toubib et laisser dans l’indifférence la plus totale, Mayumi l’infirmière. Ensuite, par ses questions ou actions complètement en dehors du sujet et loufoques durant toute la durée du traitement, le toubib va amener ses malades à reconsidérer leurs vies ou leurs situations et par-là même, à les guérir.
Par contre, et c’est un des intérêts de ces nouvelles, jamais Hideo Okuda ne répond à la question que l’on se pose sans cesse, le docteur Irabu est-il une sorte d’imposteur qui a de la chance ou bien un médecin génial ? Et l’on se met à imaginer avec effroi et gourmandise, une clinique où consulteraient, les docteurs Irabu et House…
Le bouquin est drôle et amusant, sans être génial n’exagérons rien. Il pointe le doigt discrètement et d’un ton moqueur, sur les conséquences de la modernité sur nos vies, japonaises ici mais on peut très facilement en élargir le champ.
« Dans le monde, il y avait ceux qui donnaient des soucis aux autres et ceux qui se faisaient du souci. Irabu appartenait à la première catégorie, et lui à la seconde. C’était parce que les angoissés allaient jusqu’à assumer les soucis que n’avaient pas ceux qui en donnaient aux autres que le monde vivait en paix. C’était tellement injuste ! Tout le monde aurait dû avoir une part égale d’angoisses. »
Hideo Okuda Les Remèdes du docteur Irabu Wombat
Traduit du japonais par Silvain Chupin
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