Larry Watson : Montana 1948
22/04/2013
Larry Watson est un écrivain américain, né en 1948, à Rugby dans le Dakota du Nord. Petit-fils et fils de shérif, il rompt avec la tradition familiale en se lançant dans l'écriture. Il enseigne la littérature à l'Université du Wisconsin et publie son premier roman, Montana 1948, en 1993. Depuis, il a écrit plusieurs romans et recueils de nouvelles.
Après que sa mère son dernier parent, soit décédée, David aujourd’hui adulte, se souvient d’un évènement dramatique impliquant sa famille, remontant à 1948, il y a quarante ans alors qu’il n’avait que douze ans.
Du côté de son père on est shérif de père en fils et Wesley Hayden a pris l’insigne par tradition, alors que Gail son épouse, secrétaire du greffe du tribunal, aurait préféré le voir avocat. A Bentrock, un bled du Montana, les Hayden représentent une certaine aristocratie redoutée plus qu’aimée, par le grand-père un homme à poigne et par son fils préféré, Franck, médecin et héros de la Guerre. Quant à Wesley, le frère réformé pour une vilaine blessure handicapante au genou, il est un peu tenu à l’écart. Wesley et Gail ont une domestique, Marie Little Soldier, une jeune Sioux d’une vingtaine d’années. C’est de la mort tragique de cette jeune indienne dont se souvient David. L’absence de suspense voulue par l’auteur, m’autorise à révéler que la victime a été tuée par Franck, qui profite aussi de son métier pour se livrer à des abus sexuels sur les indiennes du pays.
Tout le roman repose sur cette situation quasi biblique, Wesley, le maillon faible de la tribu Hayden mais shérif de la ville, va devoir arrêter son frère, héros de guerre et fils préféré du potentat local. L’originalité du roman tient dans le fait que la narration est faite par un gamin de douze ans qui se trouve plongé d’un seul coup dans le monde des adultes mais surtout dans son aspect le plus sordide, de sexe et de meurtre.
Et c’est aussi, paradoxalement, cette voix enfantine qui rend – pour le lecteur - ce roman moins épouvantable et sombre qu’il n’est en réalité. Une voix concrétisée par des phrases courtes et d’une simplicité désarmante, les faits rien que les faits, avec au bout du compte un livre plutôt mince en pagination. On touche là aux limites du bouquin, en ne s’appesantissant pas sur certaines situations, en s’épargnant d’aller plus profondément dans la psychologie des personnages, Larry Watson nous donne un bon livre - dont je vous conseille la lecture - mais moins que ce qu’en disent les critiques.
« Peut-être ne nous aimait-on pas toujours. Peut-être mon grand-père avait-il racheté pour une bouchée de pain un ranch qui avait été saisi ou bien avait-il laissé paître son troupeau sur les terres d’un voisin. Peut-être mon père avait-il envoyé le frère ou le cousin d’un tel ou de tel autre au pénitencier d’Etat. Peut-être étions-nous simplement trop riches pour cette région déshéritée, ingrate. Quoi qu’il en soit, on nous respectait. Nous constituions l’aristocratie de Mercer County ou ce qui lui en tenait lieu. Je n’ai jamais cherché consciemment à me prévaloir de mon nom, mais je savais qu’il me conférait un crédit que je n’avais pas à conquérir. »
Larry Watson Montana 1948 Collection 10-18
Traduit de l’américain par Bertrand Péguillan
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