Tom Sharpe : Le Gang des mégères inapprivoisées
08/07/2013
Tom Sharpe qui vient de nous quitter le mois dernier (1928-2013) est un écrivain satirique britannique. Depuis son roman Wilt (1976) il est reconnu comme l'un des plus grands humoristes anglais de son époque. Le Gang des mégères inapprivoisées, son dernier roman, est paru en 2010.
Voici le résumé donné au dos du roman : Dans le Northumberland, depuis des générations, les dames Grope font régner la terreur autour d'elles. Signes distinctifs : un physique ingrat, une nature antipathique et des pulsions castratrices inversement proportionnelles à leur volonté de se reproduire. Qu'à cela ne tienne ! Chez les Grope, on kidnappe les hommes de mère en fille. Une coutume familiale dont le jeune Esmond Burnes va faire les frais... Fils unique d'une toquée de romans à l'eau de rose et d'un petit banquier terne et disgracieux, Esmond est forcé de se réfugier chez son oncle suite à une agression alcoolisée de son père. C'est là que l'innocent garçon va tomber entre les griffes de sa tante Belinda, née Grope, épouse frustrée et ménagère forcenée.
Dès les premières pages il est impossible de ne pas faire la comparaison entre Tom Sharpe et P.G. Wodehouse. Le même humour fait de situations absurdes et de réflexions décalées, mais Wodehouse est un maître inégalé – qu’il faut absolument avoir lu - et par ricochet, ce qui paraissait un compliment pour Sharpe devient un fardeau bien trop lourd pour lui, du moins dans ce roman. Là où Wodehouse fait dans le subtile avec une élégance mondaine, Sharpe fait dans le burlesque rustique.
Difficile de dire ce qui cloche, le début du livre est correct, la référence à Wodehouse met de bonne humeur et permet tous les espoirs. Et puis plouf ! Presque d’un coup d’un seul, on s’ennuie. Trop c’est trop, les situations alambiquées deviennent lourdingues, l’humour des réparties patine car on les devine avant de les lire. Le petit bouquin devient subitement trop long, on à hâte d’arriver au dénouement, pas de chance lui non plus n’est pas renversant.
Objectivement, je ne pense pas qu’il s’agisse d’un mauvais roman, mais moi il m’a cruellement déçu car ressemblant trop à du Wodehouse, j’en attendais mille merveilles.
« Albert Ponson dévisagea Horace. Ses propos étaient difficiles à avaler. Il n’avait jamais apprécié son beau-frère ni compris comment sa sœur avait pu l’épouser, mais il partageait le sentimentalisme primaire de Vera et sa croyance dans les valeurs familiales les plus simples. Pour lui, les pères devaient aimer leurs enfants, ou du moins être fiers d’eux. Kif-kif pour les chats et les chiens. Vous les aimez parce qu’ils vous appartiennent. Raconter qu’on détestait son fils n’était pas seulement désagréable mais contre nature. »
Tom Sharpe Le Gang des mégères inapprivoisées 10-18
Traduit de l’anglais par Daphné Bernard
2 commentaires
C'est sûr qu'avec Wodehouse, la barre est très très haute!
Ma déception est donc proportionnelle à la hauteur de la chute !
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