Rudyard Kipling : Puck lutin de la montagne
13/06/2014
Rudyard Kipling (1865-1936) est un écrivain britannique, né à Bombay et décédé à Londres. Auteur de livres pour la jeunesse dont le succès ne s’est jamais démenti, on lui doit Le Livre de la jungle (1894), Le Second Livre de la jungle (1895), mais aussi Kim (1901) ou L'Homme qui voulait être Roi (1888) et des poèmes. En 1907, il est le premier auteur de langue anglaise à recevoir le prix Nobel de littérature, et le plus jeune à l'avoir reçu (42 ans). Par la suite, il refusera d'être anobli. Kipling fut au sommet de sa gloire dans la première décennie du XXe siècle. Puck, lutin de la colline a été publié en 1906.
Rien ne me fait plus mal que de voir sur le trottoir, un carton de livres attendre le camion des éboueurs. Cette fois, je n’en ai sauvé qu’un seul, ce Puck de Kipling.
L’écrivain n’a pas allé bien loin pour dénicher son personnage de Puck, il s’agit d’une créature traditionnelle du folklore celte qui a aussi inspiré Shakespeare pour Le Songe d’une nuit d’été, pièce de théâtre citée d’entrée car interprétée par Dan et Una, les deux jeunes enfants du roman. Avec cet ouvrage nous sommes dans un conte pour enfants qui peut être assimilé à la Fantasy. Puck est un lutin sympathique, habitant le pays depuis des temps immémoriaux qui se prend d’amitié pour Una et son frère Dan et grâce à ses pouvoirs magiques il va leur faire découvrir différentes périodes de l’Histoire britannique par l’intermédiaire de personnages des temps anciens venant narrer leurs aventures. Il y aura des voyages et des combats, un tas d’or, une épée magique, des légions romaines et le mur d’Hadrien, des Pictes…
Chaque chapitre est une petite histoire autonome mais la fin de chacune amorce la suivante, « Crois-tu que cette histoire soit pour les enfants ? Il regarda Puck. Mais : - Dites-la nous, dites-la nous ! s’écrièrent ensemble Dan et Una. » L’écrivain sait aussi créer une connivence avec ses lecteurs, quand les personnages voient de la magie (la boussole), de l’étonnement (les poissons volants), de la crédulité (les gorilles prit pour des Diables) là où Dan et Una ne constatent que du naturel. Kipling se risque aussi à des traits d’humour sur le dos de son propre pays, « … quand nous entendîmes jouer du cor de chasse parmi les genêts jaunes, nous comprîmes que c’était l’Angleterre. »
Ecrit il y a plus d’un siècle, le roman porte son âge. Qui aujourd’hui peut encore lire ce genre de texte ? J’imagine mal un gamin s’y risquer, entre l’incompréhensibilité de certains passages due à des références historiques pas obligatoirement connues et le langage paysan adopté par le traducteur de l’époque (1932). Là je parle du public de cible originel, mais même pour un adulte contemporain, je ne suis pas certain qu’il y trouve son compte.
Il n’importe, j’ai fait ma bonne action, j’ai sauvé un livre de la destruction, je l’ai lu et j’en fais part au monde entier.
« - Ceci n’est pas pour t’ennuyer, mon gars, dit Riquet, tandis que Puck se tenait les côtes. Mais il est étrange de songer comment on a rebâti cette petite église, comment on l’a recouverte et magnifiquement ornée, grâce à quelques pieux maîtres de forges du Sussex, à un marin de Bristol, à un âne orgueilleux nommé Riquet aux Crayons parce que, voyez-vous, il était toujours à crayonner ; et (il appuya sur ces derniers mots) et aussi grâce à un pirate écossais. – Un pirate ? dit Dan en frétillant comme un poisson pris à l’hameçon. »
Rudyard Kipling Puck lutin de la montagne Paul Hartmann Editeur – 319 pages –
Traduction de Jacques Vallette et introduction d’André Maurois
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