Ueda Akinari : La Maison dans les roseaux
20/07/2014
Ueda Akinari ou Ueda Shūsei (1734 - 1809) est peut-être la plus grande figure littéraire du XVIIIème siècle au Japon. Né d’une mère courtisane et d’un père inconnu, il est abandonné à l’âge de quatre ans. Recueilli par un riche marchand de papier et d’huile nommé Ueda n’ayant qu’une fille, en fait son héritier et lui donne l’éducation soignée d’un fils de riche commerçant. En 1738, l’enfant contracte la variole, il survit mais la maladie laisse des traces, plusieurs doigts paralysés, au point que l’on craignit qu’il ne pût jamais tenir le pinceau du lettré. Cette guérison miraculeuse qu’il attribuera au dieu Inari - le dieu-renard - développe sa spiritualité qui se manifestera dans le côté fantastique de ses œuvres. En 1776, il devient médecin et publie, dans le même temps, ses Contes de pluie et de lune, chef-d’œuvre de la littérature japonaise. La mort de sa femme en 1798, le laisse désemparé et presque aveugle, ce qui l’oblige à dicter la plupart de ses textes. Dans ce contexte, il commence sa deuxième œuvre, les Contes de pluie de printemps qui sera publiée inachevée en 1809, année de sa mort. La version complète ne verra le jour qu’en 1951.
Ce petit livre tout juste édité par Folio, est un extrait des Contes de pluie et de lune. Ici, quatre contes seulement sur les neuf du recueil original : Le Rendez-vous aux chrysanthèmes, La Maison dans les roseaux, Carpes telles qu’en songe…, Le Chaudron de Kibitsu. On notera que le cinéaste japonais Kenji Mizoguchi adapta librement La Maison dans les roseaux, conte inclus dans son film intitulé Les Contes de la lune vague après la pluie qui fut récompensé en 1953 par le Lion d’argent au festival de Venise.
Contes sous le signe du fantastique. Dans le premier, un guerrier mort entre temps, revient au jour dit, honorer un rendez-vous fixé par son ami et tenir sa parole. Le second conte est dans la même veine, un mari séparé de son épouse par la guerre revient au village sept ans plus tard pour constater que celle-ci l’attends toujours alors qu’elle n’est plus depuis longtemps. Les deux meilleurs textes pour moi, exaltant le pouvoir de l’amitié comme de l’amour, transcendant l’adversité et même la mort. Dans les deux contes suivants, un moine est métamorphosé en carpe et une épouse morte de désespoir se transforme en spectre.
Je reconnais ne pas avoir été convaincu par ces textes. Je pense qu’ils sont trop courts, l’univers du Japon de cette époque et l’angle fantastique, nécessitaient – pour moi en tout cas – un développement plus important pour que je m’y immerge lentement, car trop extérieur à ma culture. D’ailleurs, tout en lisant ce petit livre, inconsciemment mon esprit recherchait des images tirées de films japonais pour reconstruire décors et personnages évoqués.
Ueda Akinari La maison dans les roseaux Folio - 90 pages -
Traduit du japonais et annoté par René Sieffert
4 commentaires
C'est aussi l'impression que j'ai quand je lis des auteurs asiatiques : ce n'est pas ma culture et j'ai l'impression de passer à côté de bon nombre de références. Si en plus c'est loin dans le temps...
Comprenons-nous bien, je n’ai rien contre les romans asiatiques, au contraire. Chez beaucoup j’y trouve une sérénité et une profonde sagesse intérieure qui me convient plutôt bien. Mais ici, dans le cadre de courts textes et effectivement très anciens, j’ai eu trop de mal à « accrocher », me sentant exclus du propos.
j'aime la littérature japonaise mais je suis réfractaire aux nouvelles ET au fantastique et autres contes donc ..
L'univers du Japon est parfois déroutant mais ici c'est vraiment la forme qui me retiendrait
Merci d’avoir précisé « japonais » car lorsque j’ai évoqué la littérature asiatique c’est à elle que je songeais presque exclusivement ; or comme chacun sait, le Japon n’est pas toute l’Asie !
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