Peter May : L’Île des chasseurs d’oiseaux
26/07/2014
Peter May né en 1951 à Glasgow, fut journaliste puis scénariste de télévision avant de devenir romancier, auteur de romans policiers. Depuis une dizaine d’années, il habite en France dans le Lot et se consacre à l’écriture. Passionné par la Chine, il est l’auteur d’une série chinoise de romans policiers. L’Île des chasseurs d’oiseaux, bouquin paru en 2009 est le premier volet d’une trilogie se déroulant en Ecosse, mais dont on peut lire les romans séparément.
Fin Macleod - inspecteur de police à Edimbourg - est originaire de l'île de Lewis (partie nord de l'île de Lewis et Harris, la plus grande île de l'archipel des Hébrides extérieures) qu'il a quitté il y a dix-sept ans pour n’y jamais retourner depuis. Or, un meurtre particulièrement crapoteux y ayant été commis selon le même mode opératoire que celui sur lequel il enquêtait à Edimbourg, Fin est envoyé dans l’île pour enquêter.
Si la classification des romans selon des genres prédéterminés a des avantages, faciliter nos choix de lecture par exemple, elle a aussi de gros inconvénients comme ici. L’Île des chasseurs d’oiseaux est identifié comme polar, or et c’est là son gros problème, il s’agit plus d’un excellent roman (tout court) que d’un polar correct ; conséquence, les amateurs de polars seront peut-être déçus tandis que beaucoup d’autres risquent de passer à côté de ce bien beau roman.
La plus grosse partie du bouquin s’attache à nous dépeindre la vie sur cette ile perdue à travers les souvenirs de jeunesse de Fin Macleod par d’incessants flashbacks. Vie difficile et austère, importance pesante des églises protestantes fondamentalistes, poids des traditions comme – point central du roman – cette chasse unique au monde sur un ilot inhospitalier à huit heures de mer, des oisillons des fous de Bassan lors de la saison de la ponte. Epreuve initiatique faisant d’un adolescent un homme. Toute cette partie documentaire est particulièrement instructive.
Peter May y rajoute, les liens amicaux ou non, liés entre Macleod et ses camarades de l’époque ; amitiés, amours, rivalités et secrets bien gardés. Jusqu’à aujourd’hui. Son enquête l’amène à revoir toutes ces figures qu’il voudrait avoir oubliées pour certaines et faire exploser la chape de silence qui maintenait comme faire se peut, un statu quo de rancœurs et de peines enfouies.
Le roman est ponctué de scènes sublimes et très fortes émotionnellement, le plus souvent des chutes, celle de Fin Macleod jeune adolescent manquant mourir dans l’île aux oiseaux, celle de son copain Calum devenant paralysé ou la mort accidentelle de ses parents. Et quand Peter May revient à son polar, proprement dit, le bouquin s’achève sur une fulgurante accélération riche en rebondissements et émotions.
Un excellent roman. Tout court.
« Son retour avorté sur l’île était terminé. Toutes ces rencontres douloureuses avec les fantômes de son passé. C’était presque un soulagement. Et Fionnlagh avait raison. Il ne s’était pas préoccupé d’eux pendant dix-huit ans, il n’avait pas le droit de revenir maintenant et de s’insinuer dans leurs vies. Un homme avait été assassiné, et son meurtrier était encore libre. Mais ce n’était plus son affaire dorénavant. Il allait rentrer chez lui, si « chez lui » existait encore. Si Mona était encore là. Il pourrait à nouveau simplement tirer le rideau, et oublier. Regarder vers l’avenir au lieu de regarder en arrière. Mais alors, pourquoi cette perspective l’effrayait-elle autant ? »
Peter May L’Île des chasseurs d’oiseaux Rouergue noir - 375 pages –
Traduit de l’anglais par Jean-René Dastugue
Pour vous faire une idée des lieux où se déroule l’intrigue :
4 commentaires
En effet, les classifications par genre peuvent parfois induire en erreur et c'est dommage, sous prétexte par exemple de ne pas aimer les polars de passer à côté de celui-là. Que j'ai noté depuis longtemps, sans encre passer à l'acte...
C’est donc notre boulot, à nous bloggeurs, loin des diktats du marketing et des commentaires douteux de certains professionnels du livre, de rétablir les faits et dire les choses comme les sont !
Une trilogie tout à fait intéressante pour son portrait d'îles que l'on oublie, les Hébrides ne font pas la une des journaux
les trois polars sont d'un même ton, le second : l'homme de Lewis est à mon goût le meilleur mais ....
je viens d'emprunter en bibliothèque un magnifique livre de photos sur ces îles : l'écosse de Peter May, si votre bibli le détient cela vaut la peine de mettre des paysages en parallèle des livres
Sans respect de la chronologie, j’ai lu aussi « L’Homme de Lewis » qui m’a convaincu de creuser le sillon Peter May. J’avoue ne pas savoir si l’un de ces romans est meilleur que l’autre, le temps et la décantation révèleront peut-être une préférence ? Par contre ce qui est certain c’est que je ne vais pas tarder à lire le volume manquant …
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