Pierre Raufast : La Fractale des raviolis
19/09/2014
Pierre Raufast est né à Marseille en 1973. Ingénieur diplômé de l’Ecole des Mines de Nancy, il vit et travaille à Clermont-Ferrand. Auteur de deux ouvrages sur le management en entreprise, La Fractale des raviolis, son premier roman, est paru il y a quelques semaines.
Après dix ans de mariage, découvrant que Marc la trompe, sa femme décide de le tuer en empoisonnant un plat de raviolis. Au moment de passer à table, un contretemps risquant de faire une victime supplémentaire place l’épouse devant un cas de conscience…
Ce ne sont là que les toutes premières lignes de cet étonnant roman tout en ricochets et rebondissements inattendus. Construit comme les Contes des Mille et Une Nuits ou mieux encore, les poupées russes et leurs emboitements gigognes comme le suggère le titre ( Les objets fractals peuvent être envisagés comme des structures gigognes en tout point ), chaque court chapitre étant une petite histoire à lui tout seul qui s’enchaîne astucieusement avec le suivant, avant que le roman ne s’achève en bouclant avec son ouverture. On saute du coq à l’âne, des rats-taupes à un arnaqueur de veuves éplorées, on voyage dans le temps avec l’épidémie de peste à Marseille en 1720, on s’interroge sur ce qu’on lit, les vierges de Barhofk, ces œuvres d’art, existent-elles réellement ? Et le syndrome de Sheridan, cette pathologie rare qui vous permet de voir les rayons infrarouges ? Mais surtout on écarquille grand les yeux devant le délire imaginatif de l’écrivain, curieux de savoir ce que nous réserve la page suivante.
C’est très amusant souvent, léger toujours et fort agréable autant que rapide à lire. Il est encore trop tôt pour dire si Pierre Raufast est un grand écrivain en devenir, ce qui est sûr par contre, c’est qu’il a beaucoup de talent pour observer le monde qui l’entoure et que ce bouquin est réussi.
Il y a néanmoins un point que j’aimerais éclaircir (avis à la population, donc) : page 84, je lis cette phrase abrupte « Tarte aux pommes et fin du monde », or il s’agit du titre exact du premier et excellent roman de Guillaume Siaudeau, qui lui aussi habite à Clermont-Ferrand et se fait éditer par Alma ! Curieuse coïncidence, non ?
« « Je suis désolé, ma chérie, je l’ai sautée par inadvertance. » Je comprends qu’un homme puisse sauter une femme par dépit, par vengeance, par pitié, par compassion, par désœuvrement, par curiosité, par habitude, par excitation, par intérêt, par gourmandise, par nécessité, par charité, et même parfois par amour. Par inadvertance, ça non. Pourtant, ce substantif vint spontanément à l’esprit de Marc, lorsque je le pris sur le fait avec sa maîtresse. »
Pierre Raufast La Fractale des raviolis Alma Editeur – 263 pages –
PS en date du 28 septembre 2014 :
L’éditeur vient de me contacter par email pour me fournir la réponse à ma question. Je vous la livre :
« Monsieur,
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre analyse de La fractale des raviolis de Pierre Raufast. Et je vous en remercie.
Vous y posez une question à laquelle il est facile de répondre. Pourquoi Pierre Raufast reprend-il le titre du roman de Guillaume Siaudeau, paru chez Alma? Et bien, parce qu'il s'est rendu à une rencontre autour de Guillaume Siaudeau à la Médiathèque de Clermont-Ferrand (Raufast et Siaudeau habitent à Clermont-Ferrand). Raufast retravaillait alors le texte de La fractale suite à quelques observations que nous lui avions faites. Sachant qu'il allait être publié par notre maison, il voulait faire connaissance d'un autre auteur de la "famille". Depuis, ils sont devenus amis. Et Pierre a voulu lui adresser un clin d'oeil dans son texte.
Autre hasard. C'est parce qu'il connaissait Thomas Vinau par son blog et sa poésie, que Guillaume Siaudeau nous a envoyé Tartes aux pommes... Il n'a fait connaissance de Vinau que par la suite, lorsqu'ils se sont trouvés tous deux invités à un débat en librairie autour de leurs romans parus chez Alma. Là aussi, ils sont devenus amis.
Ces deux livres sont d'ailleurs l'un comme l'autre des livres arrivés par la poste, sans recommandation de quiconque
Vous devinez quel plaisir cette camaraderie peut nous faire.
Bien cordialement,
Jean-Maurice de Montremy
Editeur. »
3 commentaires
Je constate que votre plaisir de lecture fut égal au mien. J'aime qu'on me raconte des histoires avec talent, et la construction est intéressante (on ouvre puis on referme les parenthèses ou on déboîte ou réemboite les poupées)
Difficile de critiquer négativement ce premier ouvrage, il est rapide à lire, souriant (souvent) et étonnant (presque toujours), lisible par tous les publics ! Nous attendrons la suite pour juger du talent de l’écrivain…
Tout à fait d'accord, l'auteur devra continuer mais sans se copier bien sûr. En tout cas il a les moyens de donner un roman passionnant, on l'attend!
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