Ian Rankin : La Colline des chagrins
13/11/2014
Ian Rankin OBE, né en 1960 à Cardenden, village minier à quelques dizaines de kilomètres au nord d’Edinbourg, est un auteur écossais de romans policiers, de nouvelles, de romans d'espionnage et de critiques littéraires. A l'Université d'Edimbourg il étudie la langue et la littérature anglaise, et obtient en 1982 son Master of Arts, spécialité littérature américaine. Entre 1982 et 1986, il travaille à sa thèse de doctorat sur la fiction moderne écossaise, tout en s'investissant de plus en plus dans sa propre écriture. Après l'université, et avant son succès comme romancier, Rankin exerça un certain nombre de métiers, comme vendangeur, porcher, percepteur, chercheur en alcoologie, journaliste hi-fi, secrétaire de collège et musicien punk. S’il a publié trois ouvrages sous le pseudonyme de Jack Harvey, Ian Rankin est surtout connu pour ses (18) polars ayant l’inspecteur Rebus comme héros ; La Colline des chagrins, l’une de ses enquêtes, est paru en 2005.
Philippa Balfour, fille d’un banquier d’affaires, a disparu et un minuscule cercueil en bois contenant une poupée est retrouvé sur la propriété familiale. L’enquête de Rebus va s’engager sur deux fronts. Lui va s’intéresser au musée historique de la ville d’Edimbourg (et à sa conservatrice), où sont exposés des cercueils identiques. Datant de 1836, on les avait retrouvés sur une colline baptisée « Arthur’s Seat », étymologiquement la colline des chagrins. De son côté, Siobhan, sa collègue, tentera de dénouer les énigmes proposées par un certain Quizmaster, contact de Philippa sur Internet et suspect parfait, surtout quand on retrouvera le corps de la jeune fille.
Quel bon roman. Roman qui s’avère être aussi policier, dans une relative proximité avec Simenon même si Rebus ne ressemble en rien à Maigret. Certes, nous avons nos enquêtes qui avancent gentiment, mais la part psychologique des personnages est très importante, que ce soit Rebus, le vieux loup solitaire, et sa retraite prochaine encore en conflit avec sa hiérarchie ; Siobhan qui s’aperçoit avec inquiétude qu’elle se prépare un avenir identique à son collègue ; tous les autres acteurs sont parfaitement plantés, on les voit vivre sous nos yeux. Des histoires de cœur sont esquissées, personne ne veut trop s’engager de peur de souffrir ou de faire souffrir.
Un tel scénario s’associe parfaitement aux brumes, pour ce faire, Edimbourg en est le décor rêvé. La ville est un des acteurs principaux du roman, carte en main on suit de pub en pub, Rebus qui s’étonne ou constate combien sa ville change et évolue et l’on en vient parfois, à se ficher du sort de la pauvre Philippa, du moment qu’on continue à errer dans la capitale écossaise.
Le roman est dense, sans être ennuyeux. Un bon gros roman, de ceux qu’on lit avec ravissement, le soir au coin du feu, un plaid sur les genoux et un verre de whisky écossais, of course, à portée de main.
« Elle se tut. Elle parut un instant étrangère au présent, plongée dans le passé sanglant d’Edimbourg. Rebus l’y avait accompagnée. Résurrectionnistes et portefeuilles en peau humaine… sorcellerie et pendaisons. Près des cercueils du quatrième étage, il avait vu toutes sortes d’attirails de sorcières : configurations d’os, cœurs racornis d’animaux où on avait planté des clous. – Quel endroit, hein ? Il pensait à Edimbourg, mais elle regarda ce qui les entourait. – Depuis mon enfance, dit-elle, je me sens plus en sécurité ici que dans le reste de la ville. Sans doute trouvez-vous que mon travail est morbide, inspecteur, mais plus rares encore sont ceux qui s’adapteraient au vôtre. – D’accord, reconnut-il. »
Ian Rankin La Colline des chagrins Le Livre de Poche – 630 pages –
Traduit de l’anglais (Ecosse) par Daniel Lemoine
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