La librairie Brentano’s
30/11/2014
Brentano’s est une librairie parisienne, située au 37 avenue de l’Opéra, sur le trottoir de gauche en montant vers le palais Garnier. Fondée en 1895, c’est l’une des plus anciennes libraires anglophones de Paris.
L’histoire de Brentano’s commence à New York en 1853, lorsqu’un jeune immigré autrichien, August Brentano, ouvre un kiosque à journaux face à un grand hôtel de Broadway. S’apercevant que certains clients de l’hôtel parient avidement sur les courses hippiques en Grande-Bretagne, August Brentano se met à importer des journaux britanniques. Il ouvre une première librairie en 1860, puis s’installe en 1870 à Union Square, où il attire une clientèle de notables à l’affût de livres et de périodiques introuvables ailleurs. Il est alors rejoint par plusieurs membres de sa famille, dont un neveu, Arthur Brentano, qui fonde la librairie parisienne en 1895. De nouvelles branches sont créées aux États-Unis jusqu’à ce que, atteinte par la Grande Dépression, l’affaire sombre en 1933. Rachetée par un trust, la chaîne de librairies retrouve la prospérité en vendant des best-sellers.
En 1940, au tout début de l’Occupation, la librairie parisienne est réquisitionnée par la Wehrmacht, qui la transforme en atelier photographique au service de ses troupes. Lorsque le fils du fondateur, Arthur Brentano junior, revient en France après la Libération, il retrouve environ un tiers du stock de livres que le concierge de la librairie avait mis à l’abri. Une clientèle européenne, très friande de livres techniques en cette période d’après-guerre, fait redémarrer les affaires. La librairie se modernise et se diversifie, étoffe ses rayons de livres français et organise des événements culturels. Désormais indépendante, la maison mère ayant été rachetée par le groupe Borders aux États-Unis, elle était toujours fréquentée par les expatriés anglo-saxons ainsi que par une clientèle à la fois française et internationale.
À la fin des années 1970, Brentano’s était la seule librairie parisienne où l’on pouvait acheter les premières revues américaines consacrées à la micro-informatique. C’est aussi là que je pouvais feuilleter de très beaux ouvrages de photos consacrés aux musiciens de rock, trouver leurs biographies ou bien m’en mettre plein les mirettes, devant les jaquettes rutilantes des romans en éditions américaines, couleurs criardes, dorées ou argentées.
En juin 2009, à la suite d’un conflit de sept mois avec la BNP, propriétaire des murs, la librairie, incapable de faire face à la flambée des loyers pratiqués avenue de l’Opéra, est mise en liquidation judiciaire, puis fermée. Trois ou quatre mois plus tard, rachetée par l’homme d’affaire iranien Farock Sharifi, spécialisé dans la papeterie, la boutique après travaux, rouvre ses portes avec une offre plus diversifiée. Hélas, pour les amateurs de livres, la partie librairie est réduite (60m2 sur les 200m2 de la boutique) laissant plus de place à la papeterie, la carterie ou l’encadrement de tableaux. Quand je passe devant les vitrines de la librairie aujourd’hui, plus rien ne m’incite à y entrer. Tant pis ?
Photo : Le Bouquineur Sources : Wikipedia – Le Figaro -
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