Anne-Cécile Frébeau : Mathilde et son Pianiste
31/03/2015
Anne-Cécile Frébeau est née en 1958 dans le Maine-et-Loire. Après une vingtaine d'années passées au Gabon pays de son époux, dont quelques unes à enseigner la philosophie, elle est actuellement disquaire à Angers. J’ai déjà chroniqué ici ses deux derniers ouvrages, parus sous son nom d’épouse (Makosso-Akendengué) : Ceci n’est pas l’Afrique (2010) et Paysages intérieurs (2014). Mathilde et son Pianiste, son premier livre, est paru en 2007 sous son nom de jeune fille.
L’auteure s’attaque à tous les genres, puisque nous l’avons lue précédemment dans un récit/souvenirs d’Afrique et un recueil de nouvelles, cette fois il s’agit d’un roman ou plutôt une novella, car il est vraiment très court.
Mathilde de Braive, jeune femme passionnée de musique classique, passe ses vacances dans un petit village de Vendée. Elle fait la connaissance d’Edith, épouse d’un pianiste célèbre qui devait venir l’y retrouver pour un court séjour. Sans nouvelles de lui, inquiète, Edith confie à Mathilde qu’elle a reçu un fax incompréhensible pour elle. Mathilde va enquêter…
Ce qui frappe d’emblée quand on a lu les autres livres de l’auteure, c’est la légèreté de l’écriture, une sorte d’innocence sans arrières pensées à peine contredite par cette réflexion noyée dans le texte, « Elle aurait craint de lever le voile sur une détresse soigneusement dissimulée ». Légèreté d’écriture pour une intrigue qui ne l’est pas moins car si le résumé pourrait laisser présager un polar, nous sommes plus dans le registre du Club des Cinq avec un scénario s’appuyant sur une série de fax, des partitions musicales de Chopin, Debussy, Poulenc… sensées délivrer des messages que seule une musicologue comme Mathilde pourra déchiffrer.
L’auteure fait ses gammes (C’était l’occasion ou jamais de la placer celle-là) et ça se voit. Tout est trop mince : le texte est si court que l’important n’est pas assez développé, à savoir l’intrigue et le ressort musical sur lequel elle s’appuie, la psychologie des personnages manque aussi d’étoffe. A l’inverse, on sent une part de délayage dans des descriptions ou des allers et venues à bicyclette répétées. Du coup on voit plus les détails qui meublent, ou bien excusez la métaphore, comme une côtelette où il y aurait plus de gras que de viande. Le point positif, l’écriture est agréable à lire.
Finalement ce premier bouquin montre clairement ce qui manque à ses autres ouvrages pour être très bons, l’envergure. L’auteure a un talent, qui certes demande à être travaillé, mais il faut qu’elle se lâche plus, qu’elle aille plus profondément dans son propos et qu’elle creuse plus la psychologie de ses personnages. Osez, osez, Anne-Cécile… Mathilde m’a semblé un peu timide ou introvertie, comme celle qui l’a créée ?
« Contre l’évidence énoncée par Charles, et contre le caractère des derniers messages ni dramatiques ni morbides, mais seulement énigmatiques, Mathilde ne se sentit pas la force de supposer plus longtemps que Pierre était mort. Il était plus utile de savoir pourquoi Promenade avait été laissée sur son répondeur. Qui, ayant une relation avec Pierre, connaissait son numéro ? Il fallait comprendre ce nouveau fax qui paraissait plus sec encore que les précédents. Etait-ce l’effet de ces notes serrées, ou encore de ces mots, indications du compositeur et non pas annotations de l’interprète, à la fin, en bas de page ? Mathilde lut, scruta puis chantonna en lisant. »
Anne-Cécile Frébeau Mathilde et son Pianiste Editions les 2 Encres - 98 pages –
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