Ron Rash : Incandescences
16/04/2015
Ron Rash, né en Caroline du Sud en 1953, titulaire d’une chaire à l’Université, écrit des poèmes, des nouvelles et des romans. Son premier roman paru en France en 2009, Un pied au paradis, a fait forte impression et Serena en 2011, l’impose comme l’un des grands écrivains américains contemporains. Son dernier ouvrage, Incandescences, vient de paraître.
Il s’agit cette fois, d’un recueil de douze nouvelles. Dans des décors sauvages, les Appalaches, à des saisons diverses, sous la neige épaisse ou en période de sécheresse, et des époques différentes, durant la guerre de Sécession ou la fin des années cinquante, Ron Rash trousse de magnifiques histoires mettant en scène les humbles, ceux qui se débattent entre la misère et la violence pouvant aller jusqu’à donner la mort. Des portraits attachants, pour le meilleur comme pour le pire, ici on vole des œufs pour pouvoir manger, là un fils drogué vole ses parents ; des pilleurs de tombes, un pyromane, un vieil homme hors-la-loi poursuivi par un ranger des parcs nationaux, un guitariste de rock dans un bouge minable…
Au fil de votre lecture, vous passerez de la violence froide (Les Temps difficiles) à l’humour noir (Des confédérés morts), de l’incertitude (Incandescences) à l’humour désespéré (Etoile filante), à moins que l’écrivain ne s’essaye au genre poétique (L’Envol). Soyons néanmoins lucides, tous les textes ne sont pas du même niveau, un ou deux (Retour) m’ont laissé sur ma faim. L’écriture est toujours impeccable, même quand l’auteur adopte un langage « bouseux » pour certains dialogues.
Le temps nous semblait long depuis Une terre d’ombre, bouquin paru l’an dernier, Ron Rash nous donne de ses nouvelles, elles sont bonnes et nous attendons donc son prochain roman avec impatience.
« Sa grand-tante était née sur cette terre-là, y avait vécu huit décennies, et la connaissait aussi bien qu’elle connaissait son mari et ses enfants. Voilà ce qu’elle avait toujours soutenu, et elle était capable de vous annoncer à la semaine près quand la première fleur de cornouiller illuminerait la crête, la première mûre serait assez noire et ronde pour être cueillie. Puis son esprit s’était égaré en un lieu où elle n’avait pu le suivre, emportant avec lui tous les gens de son entourage, leurs noms et les liens qui les unissaient, s’ils vivaient encore ou s’ils étaient morts. Mais son corps s’était attardé, dépouillé d’un être intime, aussi vide qu’une carapace de cigale. »
Ron Rash Incandescences Seuil – 202 pages –
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Isabelle Reinharez
2 commentaires
Justement ce Ron Rash m'a pris en otage..; (voir billet suivant)
Excellent ! Je fais partie moi aussi, des otages consentants de l'écrivain...
Les commentaires sont fermés.