Dan O’Brien : Wild Idea
08/06/2015
Dan O'Brien est un écrivain américain né en 1947 dans l’Ohio. Fauconnier, éleveur, il est aussi professeur de littérature, d’écologie et spécialiste des espèces en voie de disparition. Il vit dans un ranch situé au pied des Black Hills dans le Dakota du Sud.
Son nouvel ouvrage, Wild Idea, vient de paraître et Dan O’Brien reprend le thème déjà exploité en 2007 dans Les Bisons de Broken Heart. Son dernier récit n’est pas vraiment la suite de l’autre, il s’agit plutôt d’une nouvelle approche, ce qui parfois peut donner l’impression d’un déjà lu – mais relire du Dan O’Brien n’est ni une corvée, ni une punition, loin de là.
Défenseur de la Nature, O’Brien l’est et le prouve en s’investissant complètement dans ses combats. Dans Rites d’automne (1991) c’est le faucon pèlerin qui mobilisait ses forces, depuis il s’est attelé à relancer le peuplement en bisons des Grandes Plaines en s’appuyant sur un raisonnement simple, les bisons sont une source de viande d’excellente qualité pour les hommes, moins riche en cholestérol que le bœuf par exemple, et les bisons régénèrent le sol et la flore des Grandes Plaines ; donc faire prospérer les bisons est bon pour l’homme et la Nature ! L’entreprise de Dan O’Brien, nommée Wild Idea, consistera à élever des bisons sans hormones ni antibiotiques se nourrissant d'herbe pour fournir de la viande vendue par correspondance. Les bêtes sont abattues sur place, dans la prairie, grâce à un abattoir mobile qui évite tout stress aux animaux – les bisons sont « moissonnés » selon le joli terme employé par l’écrivain.
Le récit va nous entraîner dans une aventure, écologique, économique et tellement humaine aussi. C’est l’un des points forts de l’auteur de savoir marier plusieurs thèmes sans jamais nous ennuyer ou s’éterniser trop sur certains aspects. L’aventure écologique on l’a comprise ; l’aventure économique s’est de se lancer dans un projet grandiose qui demande de l’ambition, du cran et un développement constant avec vision à long terme, ce qui nécessite fatalement la recherche de capitaux ; et l’aventure humaine, elle est multiple, outre qu’elle sera menée au fil des années par Dan, sa compagne Jill et sa fille Jilian avec son ami, mais il y a aussi son vieux pote Erney que nous connaissons déjà (Les Bisons de Broken Heart) ou bien des rencontres avec des clients de l’entreprise, des investisseurs, des indiens lakota avec leurs traditions…
Tout est magnifique dans ce récit. Les longs périples sur les routes américaines, les paysages majestueux, la beauté rude des bisons. Un vrai film. Le lecteur a la sensation d’avoir ouvert en grand toutes ses fenêtres et de ressentir la caresse du vent dans ses cheveux. Mais il n’y a pas que cela, il y a de splendides pages regorgeant d’émotion, quand son ami Erney fait un AVC ou quand on voit Jilian passer d’enfant à femme, ou bien ces scènes avec ses chevaux, le vieux en fin de vie et le jeune qu’il faut débourrer et je ne vous parle pas du destin dramatique des chiens…
Le seul reproche qu’on puisse faire à ce bouquin, si tant est qu’on ose s’y risquer, c’est que par pudeur ou par nature, Dan O’Brien ait tendance à arrondir les angles et taire la dureté de sa vie, ou du moins à ne pas insister, ou de se laisser aller à un peu d’emphase de-ci, de-là. Enfin, c’était juste pour dire. Dan O’Brien est un grand écrivain et ce bouquin un pur ravissement.
« Puis Rocke s’est tourné pour faire face à la sombre ligne de bisons, à un kilomètre dans le sens du vent. Il a commencé à tambouriner et à chanter pour eux en lakota. Comme tant d’autres mœurs de cette tribu, le son lugubre et scandé de leur musique épousait parfaitement le paysage. Ca m’a donné des frissons dans la nuque mais ça m’a également rassuré. Connaissant Rocke comme je l’avais connu, j’entendais le chant d’une vie difficile, mêlée aux herbes dans le vent, aux oiseaux et aux saisons qui passaient. Je ne comprenais pas un mot mais les bisons avaient l’air de parfaitement savoir ce dont Rocke parlait. Au loin, les bosses noires se sont tournées et ont commencé, très lentement, à s’avancer vers nous. »
Dan O’Brien Wild Idea Au Diable Vauvert – 395 pages –
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Walter Gripp
2 commentaires
Rha la la, quelle chouette lecture, en effet! C'est un livre engagé et écolo, mais lisible par tous, même ceux qui ont peur de discours purs et durs sur le sujet.
Tout à fait Keisha, vous avez raison de le souligner pour ceux qui ne l'ont pas encore lu..... mais qui ne devraient pas tarder à le faire !
Les commentaires sont fermés.