Eric Faye : Nagasaki
24/09/2015
Eric Faye, né en 1963 à Limoges, est un écrivain français. Il publie nouvelles et romans depuis 1991. Nagasaki, roman paru en 2010, a obtenu le Grand prix de l’Académie française. Pour écrire ce livre, Eric Faye s’est inspiré d’un fait divers relaté par la presse et s’étant réellement produit au Japon au printemps 2008.
A Nagasaki, un célibataire réalise que de temps en temps, des aliments disparaissent de son réfrigérateur ou que parfois des objets semblent avoir légèrement changé de place. Alarmé, il décide d’installer une webcam dans sa cuisine afin de surveiller son intérieur, du bureau où il travaille comme ingénieur météorologue. Sur son écran d'ordinateur, un jour, apparaît une femme, quinquagénaire, qui vaque dans la cuisine comme si elle était chez elle. L'homme alerte la police qui intervient à son domicile et arrête la femme.
Un délicieux roman que ce Nagasaki. Tout y est à l’unisson, que ce soit l’écriture délicate, parfois poétique, bien dans la manière des auteurs japonais classiques au point qu’on pourrait penser qu’il s’agit d’une traduction d’un texte nippon, que ce soit le format du roman, très court, qui incite le lecteur à trainer en route puisqu’il arrivera bien vite à la fin, tout ceci se mariant parfaitement avec le thème du bouquin où l’on retrouve l’esprit de cette littérature du pays du soleil levant.
Le livre débute avec cette légère touche fantastique, un pot de yaourt qui disparait du réfrigérateur, l’installation de la webcam avec l’apparition furtive d’abord, une ombre, un esprit ? Puis la certitude d’une présence humaine. Viendront ensuite les tourments pour cet homme solitaire. Le trouble, car cette femme a vécu chez lui, à son insu durant un an, avant d’être démasquée. Imaginez, comme notre héros, tous ces jours où vous vous pensiez seul(e) chez vous, en fait votre intimité était violée par une inconnue, détestable sensation à postériori. « J’ignore tout de son passé et de ses pulsions, des raisons qui l’ont conduite à prendre racine ici puis à souiller mes draps, s’essuyer avec mes serviettes et à chier dans mes chiottes, et je lui en veux. » Notre célibataire néanmoins, est un brave homme, aussi il ne veut pas de mal à cette pauvresse ayant trouvé un abri chez lui, les scrupules l’assaillent.
Emouvantes solitudes, deux êtres humains très seuls qui auront vécu une année entière sous le même toit sans se voir, si proches et si loin, tout à la fois. Le roman s’achève très joliment par la confession de cette femme, une révélation étonnante, qui le clôt magistralement en une boucle de vie.
« Par une sorte de « soupirail » que la présence de cette femme avait entrouvert dans ma conscience, j’y voyais un peu clair. Je comprenais que cette année commune, à elle et à moi, même si elle m’avait ignoré et que je n’avais rien su d’elle, allait me changer et que je n’étais déjà plus tout à fait le même. En quoi, je n’aurais pas su le définir. Mais je n’en sortirais pas indemne. Et par la baie vitrée du salon, regardant la ville qui s’endormait, je voyais plus loin ma vie ; beaucoup plus loin qu’une seule vie. »
2 commentaires
108 pages, ma curiosité peut être satisfaite rapidement, alors.
Mince, je ne le crois pas, Keisha n'a pas lu ce bouquin ! Je pensais que tout le monde avait lu ce roman ? Sinon, effectivement, sa minceur ne vous retardera pas dans votre planning de lectures...
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