Jo Nesbo : Le Fils
11/10/2015
Jo Nesbo est un écrivain norvégien de romans policiers né en 1960 à Oslo. Il a d'abord été journaliste économique puis s'est dirigé vers la musique avec le groupe de pop Di Derre, l'un des plus célèbres en Norvège de 1993 à 1998. Son premier roman, L'Homme chauve-souris (1997), a tout de suite remporté un grand succès et il a obtenu l'année suivante le prix du meilleur roman policier scandinave de l'année. Son tout nouveau roman, Le Fils, vient de paraître. Une fois encore Jo Nesbo délaisse son héros récurrent Harry Hole, mais pas d’inquiétude, vous n’allez pas y perdre au change.
Sonny Lofthus est héroïnomane, mais c’est un prisonnier modèle. Endossant des crimes qu’il n’a pas commis pour expier le souvenir du suicide de son père, policier corrompu, il fait également figure de confesseur auprès de ses codétenus. Un jour, il apprend qu’on lui a menti toute sa vie, la mort de son père n’était pas un suicide. Il parvient alors à s’évader de prison et cherche à se venger.
Policiers corrompus aux plus hauts niveaux, caïd intouchable fricotant dans le trafic de drogue et la prostitution, ne reculant pas dans le meurtre ignoble pour faire régner la terreur, c’est à ces hommes que Sonny va s’attaquer. A ses trousses, ces mêmes malfrats aux moyens illimités et la police, c'est-à-dire l’inspecteur Simon Kefas, étiqueté has been, et son adjointe, une stagiaire, Kari Adel. Simon Kefas qui a très bien connu le père de Sonny à l’époque ; Simon Kefas, aux abois depuis qu’il a dilapidé tout l’argent de son ménage au jeu et dont la jeune femme va devenir aveugle s’il ne trouve pas le moyen de financer une coûteuse opération…
Le point fort de ce roman, ce sont ses personnages, tous sans exceptions sont très humains, les bons comme les méchants, encore qu’ici ce type de raisonnement n’aie pas cours. Jo Nesbo maîtrise parfaitement son affaire, l’équilibre ou le dosage est parfait entre scènes de violence, moments de doute et d’introspection ; même les scènes sentimentales sont réussies (si vous me lisez souvent, ça doit vous en boucher un coin que je le dise !). L’écriture semblerait banale si très vite on ne ressentait comme un effet apaisant à la lecture, car si l’action avance jamais elle ne s’emballe, sous-tendue par des sentiments puissants qui affolent la morale.
Un thriller légèrement mystique, où l’écrivain se penche sur ses interrogations obsessionnelles, le bien et le mal ou bien les relations entre père et fils. Certains passages sont carrément magnifiques – comme ce chapitre 21 entre Sonny et Martha qui gère l’asile pour toxicos - et le dénouement sous le signe de la rédemption, marqué du sceau de la surprise et particulièrement réussi, m’a séduit. Jo Nesbo fait très fort avec ce gros roman, certainement son meilleur à mon humble avis.
« Parfois, on se trompe quand on croit avoir percé à jours nos parents. Peut-être qu’ils n’étaient pas faibles, au bout du compte. Peut-être qu’il s’est simplement passé des choses qui ont fait qu’on a eu une fausse impression. Peut-être qu’ils étaient forts. Peut-être qu’ils étaient prêts à laisser derrière eux un nom sali, à se laisser dépouiller de leur honneur, à endosser toute la honte, rien que pour sauver ceux qu’ils aiment. Et s’ils étaient si forts, alors, peut-être que toi aussi, tu es fort. »
Jo Nesbo Le Fils Gallimard Série Noire – 515 pages –
Traduit du norvégien par Hélène Hervieu
2 commentaires
Hum, peut être l'occasion de renouer avec l'auteur?
Pas « peut-être » Keisha mais « certainement » ! Le roman m’a beaucoup plu et je l’ai dit, je pense que c’est son meilleur ou l’un de ses meilleurs.
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