Pete Fromm : Lucy In The Sky
10/11/2015
Pete Fromm, né en 1958 à Milwaukee dans le Wisconsin, est un écrivain américain, auteur principalement de nouvelles mais aussi de romans et de mémoires. Après des études secondaires Pete Fromm étudie la biologie animale à l'université de Montana. Il cumule plusieurs petits boulots, dont celui de maître-nageur puis de ranger dans le parc national de Grand Teton au Wyoming avant de se lancer dans l’écriture. Pete Fromm vit à Missoula dans le Montana. Son roman, Lucy In The Sky, qui date de 2003, vient d’être réédité.
Great Falls dans le Montana. Lucy a quatorze ans, plus vraiment une enfant et se débattant pour ne pas être une femme, en jouant les garçons manqués avec ses cheveux coupés hyper courts. Son père, bûcheron itinérant n’est quasiment jamais au foyer et peut-être a-t-il une autre vie ailleurs ; sa mère, encore jeune et belle, rentre tard le soir (ou ne rentre pas du tout) prétextant des heures supplémentaires imprévues. Lucy s’interroge sur la solidité du couple formé par ses parents. Elle a un copain, Kenny, un gentil garçon qui vit seul avec sa mère. Premiers baisers, entrée au lycée, découverte du sexe et des soirées arrosées…
J’avais découvert, comme beaucoup je pense, Pete Fromm en 2006 avec Indian Creek, un roman nous plongeant au cœur de la nature, puis je l’avais oublié avant de tomber sur son nouvel opus. Un Gallmeister étiqueté Nature Writing, donc je me pensais en terrain connu. Première surprise, il n’y a pas plus de Nature Writing ici que de beurre en branche – comme on disait lorsque j’étais gamin. Seconde surprise - pour moi - le sujet du livre, qui à première vue n’avait rien pour m’attirer, nous donne un bien beau roman.
Roman initiatique donc, écrit par un homme, qui nous décrit le cheminement d’une jeune fille ordinaire (la narratrice) durant deux années pendant lesquelles, de ses quatorze ans de gamine jouant encore innocemment avec le petit voisin, jusqu’à la perte de sa virginité et son entrée dans le grand bain de la vie, elle va en faire voir de toutes les couleurs à son entourage. Roman de frictions, surtout entre la mère et la fille, le seconde ne supportant plus la vie menée par la première, idéalisant le père mais s’exaspérant de ses absences ; repoussant les avances des jeunes mâles puis prenant des initiatives.
Le point fort du bouquin, son rythme induit d’une écriture enlevée faite de répliques cinglantes et qui fusent. Lucy n’a pas sa langue dans sa poche et sa mère, en particulier, en prend pour son grade, les remarques acerbes pleuvent. L’âge ingrat est cruel. On pourrait presque sourire de ces répliques, pourtant le fond est sombre quand on le regarde de près. Peut-être (certainement) que mon âge avancé influe sur ma manière de voir les choses, mais sous une certaine légèreté de forme, j’ai trouvé ce roman épouvantablement pessimiste : le couple est foutu (« - Merde, Luce. Ils nous plaquent tous. Je pensais que tu aurais au moins appris ça. »), la démission totale des parents et en l’occurrence la mère (Lucy laissé seule un soir de Noël par exemple) mais aussi l’écartèlement de cette mère, pas très portée sur son rôle de parent et son envie de vivre une autre vie.
Lucy ne semble pas idiote, malgré son ton et son attitude rebelle, mais quid des études ? Une éducation à l’américaine ? La gosse est responsabilisée très tôt, rendue indépendante aussi vite, bref poussée dans le grand bain sans bouée, débrouille toi pour nager si tu veux survivre. Et cette fin, que je ne peux vous révéler, genre chacun pour soi, annonçant pour Lucy un avenir qui pourrait fortement ressembler à celui qu’a connu sa mère… Quel gâchis.
« Le fantôme de Lola était aussi avec nous. Je ne savais pas qui elle était, mais c’était à coup sûr une histoire de sexe. Papa qui me prévenait qu’il me faudrait des années pour rattraper leur niveau. Maman qui me disait que je devais m’habituer. Kenny en suspens. Justin ricanant. Comment une chose si agréable pouvait-elle causer tant de dégâts ? S’envoyer en l’air, c’était tout foutre en l’air. »
Pete Fromm Lucy In The Sky Gallmeister – 386 pages –
Traduit de l’américain par Laurent Bury
4 commentaires
Nature writing recouvre des choses assez vastes, de l'avis d'O Gallmeister lui même...
Je suis tout à fait d’accord avec vous Keisha et ma remarque n’était ni critique, ni polémique, mais informative. Car si j’ai un a priori favorable pour le Nature Writing, j’imagine que ce peut être le contraire pour d’autres et qu’en présence d’un roman estampillé Gallmeister dans sa collection Nature Writing, ils pourraient l’ignorer. Je comprends bien que l’éditeur n’allait créer une collection particulière pour ce bouquin…. Mais je maintiens qu’il n’a rien à faire avec cette étiquette.
un billet fort intéressant qui donne vraiment envie de découvrir cet auteur. Et un petit passage dans ma médiathèque connecté me montre qu'il est là et reviendra le premier décembre, j'adore internet!
Je pense Luocine que ce roman devrait vous plaire et quant à Internet qui permet un accès en ligne au catalogue de nos médiathèques c’est d’un confort absolu, je suis bien d’accord avec vous !
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