Graham Joyce : Les Limites de l’enchantement
22/11/2015
Graham Joyce (1954-2014) est un écrivain britannique, auteur de fantastique. Élevé dans un village minier près de Coventry, Graham Joyce obtient un diplôme d'enseignant à Derby, puis une maîtrise de lettres modernes et de littérature américaine à l'université de Leicester où il rencontre sa future femme, Suzanne. Tout en poursuivant son travail d'écrivain, il enseigne l'écriture à l'université de Nottingham Trent. Son roman, Les Limites de l’enchantement, paru en 2005 vient d’être réédité.
Dans la campagne anglaise des Midlands en 1966. Maman Cullen, soixante-dix-sept ans et « apôtre du Motus, prêchant l’évangile de la Bouche cousue », est sage-femme, de celles qui dans les campagnes exercent leur talent en dehors des institutions, ou bien recommandée par le bouche à oreilles pour faire « passer » la conséquence d’un moment d’égarement, en utilisant filtres et décoctions naturelles. A ses côtés, Fern, sa fille adoptive, élevée à l’écart du monde et qui devrait lui succéder.
Si vous n’êtes pas amateurs de SF, ne vous affolez pas et ne tenez pas compte de la collection dans laquelle ce roman est réédité car il ne relève pas de ce genre. Certes le décor se prêterait à un roman avec elfes et sorciers, nous sommes à la campagne, une vieille femme qui sait tout des pouvoirs des herbes et des secrets de la nature mais ce n’est qu’astuce de l’écrivain. Tout au plus serez-vous intrigués par un léger mystère, quand sera évoqué « la maîtresse » qu’il faut consulter ou bien cette fameuse « Question » que Fern devra poser… mais tout sera éclairci finalement.
En fait il s’agit d’un bon roman initiatique, une sorte de conte, très frais, souriant, voire carrément drôle (comme le rendez-vous galant entre Fern et Arthur !) où tous les acteurs sont gentiment campés, mêmes les « méchants » ne le sont pas plus que ceux des dessins animés de Walt Disney. Un évènement va contraindre Fern à découvrir le monde extérieur, un monde où il y a des hippies – une nouveauté qui surprend ou inquiète -, des gens qui vous en veulent, d’autres qui vous aiment. Fern va vivre des expériences troublantes, dans tous les sens du mot, passer par des hauts et des bas, mais finalement trouver un sens à la nouvelle vie qui s’amorce pour elle.
J’ai bien aimé ce bouquin, aidé aussi et très certainement par les dramatiques évènements récents qui réclamaient que je me plonge dans une lecture douce et apaisante à la fois ; tout ce que ce roman contient.
« - Non, je n’aime pas les fêtes. Et puis j’ai trop à faire. Je rangeai bruyamment mes outils dans l’appentis et me réfugiai dans la chaumière, claquant la porte derrière moi. Cette invitation m’irritait et me perturbait. Ca en faisait peut-être trop, avec Maman à l’hôpital et l’agence qui voulait m’expulser de la chaumière. Je m’assis dans le vieux fauteuil près de la cheminée, bras croisés. Puis au bout d’un long moment, je me mis à sangloter tout en l’appelant, sachant pourtant qu’elle ne pourrait m’aider. Enfant, on m’invitait rarement à des fêtes. Vivre avec Maman m’avait tenue en marge, et les autres enfants me fuyaient. »
Graham Joyce Les Limites de l’enchantement Folio SF - 413 pages –
Traduit de l’anglais par Mélanie Fazi
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