Ian Rankin : On ne réveille pas un chien endormi
15/01/2016
Ian Rankin OBE, né en 1960 à Cardenden, village minier à quelques dizaines de kilomètres au nord d’Edinbourg, est un auteur écossais de romans policiers, de nouvelles, de romans d'espionnage et de critiques littéraires. A l'Université d'Edimbourg il étudie la langue et la littérature anglaise, et obtient en 1982 son Master of Arts, spécialité littérature américaine. Entre 1982 et 1986, il travaille à sa thèse de doctorat sur la fiction moderne écossaise, tout en s'investissant de plus en plus dans sa propre écriture. Après l'université, et avant son succès comme romancier, Rankin exerça un certain nombre de métiers, comme vendangeur, porcher, percepteur, chercheur en alcoologie, journaliste hi-fi, secrétaire de collège et musicien punk. S’il a publié trois ouvrages sous le pseudonyme de Jack Harvey, Ian Rankin est surtout connu pour ses nombreux polars ayant l’inspecteur Rebus comme héros comme dans ce, On ne réveille pas un chien endormi, son dernier opus, paru il y a quelques mois.
John Rebus qui a réintégré la Crim’, rétrogradé sergent sous l’autorité de l’inspecteur Shiobban Clarke son ancienne disciple, enquête sur un accident de voiture à priori banal. Par ailleurs, une nouvelle loi vient de passer au Parlement, elle autorise le réexamen d’affaires criminelles en levant la durée de la prescription. Une affaire de bavure policière avec mort d’homme, vieille de trente ans est rouverte par Malcom Fox, avec Rebus en ligne de mire. Ses anciens collègues de Summerhall, qui s’appelaient entre eux les Saints de la bible d’ombre, sont soupçonnés d’avoir falsifié des preuves pour innocenter l’un d’entre eux.
Il est finalement assez difficile de chroniquer un polar de Rankin avec Rebus car on ne peut que se répéter de livre en livre. L’intrigue est du genre classique, c'est-à-dire double, l’accident de voiture banal va impliquer indirectement un ministre et de façon collatérale se mêler à la réouverture du dossier sur la vieille bavure policière. Je vous la laisse découvrir car ce n’est pas cela le plus intéressant. Le principal atout de l’écrivain c’est son écriture, plus précisément, le rythme qui anime son bouquin tout en dialogues vifs et percutants ; bien qu’assez long et sans que l’intrigue soit époustouflante (mais très correcte néanmoins), on ne lâche pas le livre qu’on dévore avec un plaisir sans retenue. Ajoutons dans ce roman, des thèmes intéressants comme : lois et justice qui ne s’accordent pas toujours pour vaincre « le mal », la confrontation entre les promesses faites jadis et la réalité d’aujourd’hui… un décor mélancolique/nostalgique tel que le ressent Rebus, un homme d’un autre âge, « un spécimen de flic qui n’était plus censé exister, une espèce rare et protégée, dont les jours étaient comptés », face à l’évolution de sa ville d’Edinbourg, « Une capitale, cette ville ? C’est ce qu’on est en train de lui faire subir qui est un crime capital. » La quatrième de couverture évoque un roman sur fond de référendum sur l’indépendance de l’Ecosse : un fond, certes, mais vraiment un fond du fond…
« - A-t-on jamais été de vrais potes, toi et moi ? – Nous étions plus que ça, nous étions les Saints de la Bible d’Ombre. – Mais la Bible d’Ombre était l’exemplaire du Code pénal écossais qu’on nous remettait. Un gros truc noir avec une couverture en cuir et des vis en laiton. Et on crachait dessus avant de bien frotter pour qu’il ne reste plus de salive. Je croyais que c’était une sorte de serment mais je me trompais – on disait tous que les règlements pouvaient aller au diable, parce qu’on savait mieux que tout le monde. C’était nous autres sur le terrain… (…) – Nous obtenions des résultats, si tu veux bien t’en souvenir. – Nous obtenions des résultats, certes, mais à quel prix, et il me semble qu’on est toujours en train de le payer. »
Ian Rankin On ne réveille pas un chien endormi Editions du Masque – 429 pages –
Traduit de l’anglais (Ecosse) par Freddy Michalski
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