Alberto Lombardo : Un Homme à p(r)endre / Une Femme de tête(s)
20/03/2016
Alberto Lombardo, né en 1964, est un auteur dramatique et acteur français contemporain. Il a suivi sa formation théâtrale aux Conservatoires d’Art Dramatique de Saint-Etienne et de Lyon ainsi qu’aux Ateliers Antoine Vitez au Théâtre National de Chaillot. Ses pièces, une vingtaine, sont représentées principalement en France et au Québec.
Nous parlerons théâtre aujourd’hui, si vous le voulez-bien. C’est très rare et en vérité il faut qu’on m’y incite pour que j’ose me lancer dans une telle lecture. Alberto Lombardo avait tenté sa chance en me proposant il y a deux ans, Tuer Phèdre, cette fois il récidive avec deux monologues à priori bien distincts.
Un Homme à p(r)endre, c’est l’histoire d’Octave, un enseignant pas bien beau, « Je suis petit, ventru, une double scoliose… », dont l’amie du moment, Eliane, institutrice, lui tombe dessus un matin alors qu’il est à peine réveillé et lui demande de l’épouser. Dire que ce n’était pas dans ses projets initiaux, n’est qu’un euphémisme. Ce choc émotionnel amène Octave à se souvenir d’une ex ou bien - courage fuyons - tenter une échappatoire avec une caissière de supermarché puis une vendeuse dans une boulangerie mais à chaque fois, arrive cet instant crucial où la relation doit soit devenir durable, soit s’arrêter. C’est ce point de non-retour qui met Octave dans tous ses états, incapable de le gérer et donc condamné à la solitude, s’étonnant de constater, à tort ou à raison, vu de sa fenêtre (Private joke pour les lecteurs du texte), que les femmes s’en sortiraient mieux que les hommes… ?
Dans Une Femme de tête(s), ce n’est plus un homme mais une femme qui prend la parole. Florence, elle, voudrait s’engager mais traumatisée après une première expérience foirée avec l’un de ses professeurs, elle va se jeter dans/sur le sexe, « Je me donne tout entière moi. (…) Les demi-mesures, connais pas ! ». Si on ajoute à son fardeau psychologique, le poids de la figure du père, ombre très prégnante sur sa libido… on obtient une femme qui jamais ne trouvera de partenaire satisfaisant, toujours déçue, coincée dans sa logique sans issue, « Ces quelques hommes qui se targuent de nous respecter, ce sont les pires. »
Deux monologues, deux approches différentes, pour une situation unique. Diptyque, pile et face d’une même pièce (sic !) où Homme et Femme se déchirent, incapables malgré eux de parvenir à mener une vie de couple.
Si le thème général de ces deux monologues n’est pas franchement drôle mais plutôt triste et pathétique, le ton est toujours souriant, voire comique (voir Michel dans le second texte) mêlant l’exagération sans qu’on sache vraiment si elle est réelle, rêvée ou métaphorique (car il y a des crimes, si, si !) et les obsessions (beaucoup d’enseignants ; tout le monde se trouve laid physiquement). Maintenant, sans vouloir comparer ce qui ne peut l’être autant par la forme que par le fond, Tuer Phèdre m’avait semblé beaucoup plus ambitieux et profond que ces deux monologues qui sont certainement magnifiés par leur mise en bouche sur scène, mais véhiculent finalement des clichés sur les rapports hommes/femmes.
Alberto Lombardo Un Homme à p(r)endre / Une Femme de tête(s) Editions Le Solitaire - 91 pages –
Extrait d’Une Femme de tête(s) :
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