James M. Caine : Assurance sur la mort
13/04/2017
James Mallahan Cain (1892-1977) est un écrivain américain. Après avoir enseigné les mathématiques et l'anglais, il est mobilisé en 1918 en France et sera rédacteur du Lorraine Cross, journal officiel de la 79e division. A son retour au pays après la Première Guerre mondiale, il travaille dans divers journaux avant de devenir le directeur du New Yorker, tout en étant scénariste pour Hollywood. Il est l’auteur d’une vingtaine de romans noirs commencés par Le facteur sonne toujours deux fois (1934) suivi d’Assurance sur la mort en 1935 et qui vient d’être réédité.
Séduit par la troublante Phyllis Dietrichson (« Sous son pyjama bleu se mouvait une forme qui avait de quoi rendre un homme dingue… »), l’agent d’assurance Walter Neff conspire avec elle pour assassiner son mari après lui avoir fait signer une police prévoyant une très grosse indemnité en cas de mort accidentelle.
Qui n’a pas lu ce bouquin ? Je ne peux accepter qu’une seule réponse : les jeunes gens découvrant la lecture ; et je les envie car ils vont se régaler avec ce chef-d’œuvre du polar écrit par l’un de ses grands maîtres. Je suis assez avare de compliments dithyrambiques en général, mais là, je n’ai pas d’autre qualificatif. J’avais déjà lu ce roman, j’avais aussi vu maintes fois la superbe adaptation cinématographique de Billy Wilder, pourtant je me suis replongé dans cette lecture avec le même plaisir qu’au premier jour.
Walter étant le narrateur, le lecteur sait d’emblée que le plan initial ne va pas se dérouler exactement comme prévu, toute la question étant de savoir, pourquoi va-t-il foirer ? Un véritable suspense qui monte tout du long, une tension palpable et insoutenable, des rebondissements car outre la femme vénéneuse sa belle-fille va entrer dans la danse, quant à Walter, il est assassin mais aussi au cœur de l’enquête menée par la compagnie d’assurance puisque c’est lui qui a traité avec le mort.
C’est magistralement écrit, sans une phrase en trop, le rythme et le suspense sont à l’unisson, j’ai dévoré ce bouquin d’une seule traite, incapable de le lâcher avant d’en arriver au bout. Un roman de 1935 qui n’a pas pris une seule ride, si ce n’est dans quelques détails d’époque lui conférant une sorte de patine qui donne tout leur prix aux objets anciens. Quand on lit ce genre de polar, on peut s’interroger : ce genre de littérature a-t-il réellement évolué en mieux depuis cette époque ?
Un roman à lire ou à relire, toute affaire cessante.
« De là où j’étais, je ne pouvais pas voir où nous nous trouvions. J’avais même peur de respirer, par crainte qu’il ne m’entende. Elle était censée conduire de façon à ne pas freiner brutalement, ou se retrouver bloquée dans la circulation, ou faire quoi que ce soit qui le pousserait à tourner la tête pour regarder ce qu’il y avait derrière nous. Il ne s’est pas retourné. Il avait un cigare dans la bouche et, bien calé sur la banquette, il le fumait tranquillement. Au bout d’un moment, elle a donné deux brefs coups de klaxon. C’était le signal que nous venions d’arriver dans la rue sombre que nous avions choisie, à environ huit cents mètres de la gare. Je me suis redressé, j’ai plaqué ma main sur sa bouche… »
James M. Caine Assurance sur la mort Gallmeister - 150 pages –
Nouvelle traduction de l’américain par Simon Baril – Postface de François Guérif
Le roman a fait l’objet, sous le même titre, d’une splendide adaptation cinématographique réalisée par Billy Wilder en 1944 avec les inoubliables Fred MacMurray, Barbara Stanwyck et Edward G. Robinson. Si le roman doit être lu impérativement, le film mérite le même sort :
3 commentaires
Il ne me semble pas avoir vu le film, mais je sens que c'est le genre de polar qu'on ne lâche pas.
Je viens de vérifier, c'est à la bibli, mais dans une ancienne traduction...
Je n’ai pas comparé les traductions (j’ai aussi la version Folio traduite par Sabine Berritz) mais ça devrait le faire quand même ! Un bouquin à lire absolument, comme les autres romans de l’écrivain (Le facteur sonne toujours deux fois, Mildred Pierce…)
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