Marguerite Yourcenar : Nouvelles orientales
22/10/2017
Marguerite Yourcenar, née Marguerite Antoinette Jeanne Marie Ghislaine Cleenewerck de Crayencour en 1903 à Bruxelles et décédée en 1987 à Bar Harbor, dans l'État du Maine (Etats-Unis), est une écrivaine française naturalisée américaine en 1947, auteur de romans et de nouvelles ainsi que de récits autobiographiques. Elle fut aussi poète, traductrice, essayiste et critique littéraire. En 1939 Marguerite Yourcenar, bisexuelle, part pour les États-Unis rejoindre Grace Frick, alors professeur de littérature britannique à New York et sa compagne depuis une rencontre fortuite à Paris en 1937. Les deux femmes vécurent ensemble jusqu'à la mort de Frick d'un cancer en 1979. Elles s'installent à partir de 1950 à Mount Desert Island, dans le Maine où Marguerite Yourcenar passera le reste de sa vie. Elle est la première femme élue à l'Académie française, le 6 mars 1980. Nouvelles orientales, dont la première parution date de 1938, vient d’être réédité.
Un recueil de dix nouvelles dont l’auteur, dans un post-scriptum, cite ses sources d’inspiration, à savoir contes et légendes d’Orient, dans le sens large du terme, puisqu’elles se déroulent en Chine ou sur les pourtours de la Méditerranée comme la Grèce…
Pour qui n’est pas familier de cet écrivain, je ne conseillerai pas cet ouvrage pour débuter car il ne reflète pas vraiment, me semble-t-il, ce qu’on peut en attendre (aller plutôt lire Mémoires d’Hadrien ou L’œuvre au noir par exemple). C’est en cela qu’il m’a un peu déçu. Tous les textes n’ont pas retenu mon attention mais je citerai volontiers Le Dernier amour du prince Genghi et La Veuve Aphrodissia qui sont d’un bon niveau. Dans le premier, un prince devenu aveugle et bientôt mourant dans les bras d’une ancienne concubine – la seule à l’avoir profondément aimé – ne la reconnait pas et a même oublié son nom… C’est très beau et bouleversant. Dans le second, l’horreur du récit, le meurtre du vieux mari et de l’enfant (« il avait fallu l’étouffer entre deux paillasses ») né de l’amant de la femme, contraste avec la beauté de l’écriture.
C’est ce dernier point qui donne en fait toute sa valeur à ce recueil. L’écriture de Marguerite Yourcenar est magnifique, emprunt d’un certain classicisme. Le rythme des phrases incite à ne pas rater les liaisons entre les mots pour ne pas altérer la musique de l’écriture.
« - Racontez-moi une autre histoire, vieil ami, dit Philip en s’affalant lourdement sur une chaise. J’ai besoin d’un whisky et d’une histoire devant la mer… L’histoire la plus belle et la moins vraie possible, et qui me fasse oublier les mensonges patriotiques et contradictoires des quelques journaux que je viens d’acheter sur le quai. Les Italiens insultent les Slaves, les Slaves les Grecs, les Allemands les Russes, les Français l’Allemagne et, presque autant, l’Angleterre. Tous ont raison, j’imagine. Parlons d’autre chose… »
Marguerite Yourcenar Nouvelles orientales L’Imaginaire – 145 pages –
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