John Updike : Couples
04/03/2018
John Hoyer Updike (1932-2009) est un écrivain américain, auteur de romans, de nouvelles, de poésie et d'essais critiques sur l'art et la littérature. Après avoir accédé à la notoriété internationale avec son roman Le Centaure en 1963, il rencontre un très grand succès public et critique avec sa tétralogie sur le personnage d’Harry « Rabbit » Angstrom. John Updike est l'auteur de vingt-six romans et de centaines de nouvelles, de chroniques et de poèmes, travaux publiés en particulier régulièrement dans le New Yorker et la New York Review of Books, et qui ont donné lieu à plusieurs recueils. Son œuvre prolifique et variée vaut à John Updike d'être considéré comme l'un des écrivains américains les plus importants du XXe siècle. Couples date de 1968 et vient d’être réédité.
Tarbox, ville au charme vieillot située à une heure de route de Boston, abrite une petite bourgeoisie où s’illustrent quelques couples : Freddy Thorne, dentiste et époux de Georgene, Angela et son mari Piet qui travaille dans l’immobilier, leurs amis Frank, Roger et Harold, évoluant dans les milieux financiers et universitaires de Boston. On va de réception en réception organisées par les dames, bref, la vie classique de la « bonne société » dans laquelle Foxy Whitman et son mari Ken, installés dans cette petite ville depuis peu vont s’intégrer…
Le roman aurait du s’appeler « adultères » pour abattre les cartes d’entrée. Car de quoi s’agit-il dans ce livre ? Uniquement de coucheries entre les uns et les autres, comme une philosophie de vie ou plutôt un passe-temps pour tromper l’ennui. Certainement faut-il replacer le bouquin dans son contexte historique de l’époque, les années 60, pour en apprécier la satire ; John Updike dénonce les conventions sociales de ce milieu où derrière des apparences candides le sexe est le moteur principal. Et l’écrivain ne lésine pas sur les scènes suggestives, s’épargnant les litotes pour appeler un chat un chat. J’imagine qu’à l’époque ça a dû échauffer les esprits…
Tout cela sonne juste et très réel sous la plume de l’écrivain mais néanmoins, ça reste d’un intérêt très mince, en tout cas aujourd’hui. D’ailleurs Updike, dans un moment de lucidité tardive s’en aperçoit et fait dire, dans les dernières pages, à l’un de ses personnages : « Le monde, continua-t-il, ne s’intéresse pas autant aux amants que nous l’imaginons. » Surtout quand s’est étalé sur plus de six-cents pages !
« Janet aurait ardemment souhaité ne pas être frigide. Toute l’éducation qu’elle avait puisée en dehors des sources officielles, depuis Blanche-Neige de Disney jusqu’au dernier numéro de Life, lui avait appris à considérer l’amour comme le bien le plus suprême. Rien d’autre qu’un baiser ne pouvant neutraliser la pomme diabolique. Nous évoluons de la naissance à la mort au milieu de la foule des autres, et amour est le nom de cette parade. Bien que tout cela manquât d’idéal, Janet avait peur de rester à la traine. Aussi ne pouvait-elle cesser de flirter, d’essayer d’entrer en contact, bien qu’il y eût en elle-même une méfiance, une amertume semblable au résidu des produits pharmaceutiques de son père, que chaque élan de son cœur devait circonvenir. L’alcool favorisait la manœuvre. »
John Updike Couples L’Imaginaire Gallimard – 636 pages –
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Anne-Marie Soulac
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