Ivan Tourgueniev : Un bretteur
18/04/2018
Ivan Sergueïevitch Tourgueniev est un écrivain, romancier, nouvelliste et dramaturge russe né en 1818 à Orel en Russie et mort en 1883 à Bougival dans les Yvelines. Son père, officier supérieur, est issu d'une grande famille aristocratique d'origine tatare et sa mère, d'une famille de noblesse de service d'Orel est une riche propriétaire terrienne. C’est dans la propriété familiale que Tourgueniev s'initie à la chasse et à la nature, laquelle nature joue un grand rôle dans ses romans. Confié à des précepteurs russes et étrangers dont il reçoit une excellente éducation, il apprend le français, l’allemand, l’anglais, le grec et le latin. Avec un serf, il commence à écrire ses premiers poèmes. Très tôt, il se rend compte de l’injustice des hommes des classes supérieures envers les serfs, injustice contre laquelle il se révoltera et se battra toute sa vie. Son œuvre compte sept romans, une douzaine de pièces de théâtre, de la poésie et de très nombreuses nouvelles comme celle-ci, parue en 1847.
Russie méridionale en 1829. Un régiment de cuirassier est cantonné dans un bourg. Deux hommes qu’a priori tout oppose deviennent amis : Loutchkov, le plus âgé, petit et laid, d’un naturel taciturne, inspirant la crainte autour de lui pour ses velléités de duelliste va se lier avec Kister, un jeune officier cultivé et élégant, dans l’armée par devoir plus que par passion. Les distractions sont rares dans le coin mais lors d’une réception chez un petit notable local, Macha, la fille de leur hôte, va venir perturber leur belle amitié…
Ivan Tourgueniev, en peu de pages, va développer l’évolution psychologique ou amoureuse entre ces trois personnages. Une grande tendresse amicale entre Kister et Macha dans un premier temps, puis le jeune homme et le lecteur réalisent que la proximité entre ceux-là résulte de la curiosité de la femme pour Loutchkov. Pourquoi ne s’intéresse-t-il pas à elle ? Quelle est sa vraie personnalité ? Le mystère est toujours attirant. Obligée de prendre les choses en main, Macha force sa chance et obtient un rendez-vous avec Loutchkov, avec la bénédiction de Kister qui souhaite tout le bien possible à son ami.
L’âme humaine est ainsi faite que rien n’est jamais simple et les points marqués par Loutchkov réveillent la jalousie de Kister qui réalise qu’il aime Macha. L’amitié entre les deux hommes s’effiloche et ce qui devait arriver, arrivera…
Un très bon texte du grand écrivain Russe : court, concis mais précis dans les descriptions des personnages ou des lieux, suffisamment évocateur lors des mises en situation avec une belle étude de caractères. Une lecture recommandée.
« Nénila Makarievna jeta à son mari un regard froid. Serge Serguéïtch tripota sa chaine de montre avec un certain embarras, prit sur la table son chapeau anglais à larges bords et partit vaquer aux soins du domaine. Son chien sortit derrière lui en courant, l’allure timide et humble. En animal intelligent qu’il était, il sentait que son seigneur et maître n’était pourtant pas dans la maison une autorité considérable, et il observait une conduite modeste et prudente. Nénila Makarievna s’approcha de sa fille, lui releva doucement la tête et la regarda dans les yeux avec tendresse. « Tu me le diras, quand tu seras amoureuses ? » demanda-telle. Macha baisa la main de sa mère avec un sourire, et hocha la tête plusieurs fois en signe d’affirmation. »
Ivan Tourgueniev Un bretteur La Pléiade Romans et nouvelles complets Tome 1 – 49 pages –
Traduction par Françoise Flamant
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