Joseph Delteil à Paris
17/12/2018
En temps normal j’aurais débuté mon billet par une formule de ce genre : « si vos pas vous amènent boulevard de la Chapelle à Paris… » mais cela aurait trop ressemblé à une plaisanterie de mauvais goût car honnêtement, qui irait se balader pour le plaisir dans ce coin là ? Donc j’y suis allé pour vous. Au 17 Boulevard de la Chapelle exactement, les fenêtres de l’immeuble donnant directement sur le métro aérien, de l’autre côté de la chaussée. C’est là que Joseph Delteil résida entre la fin 1924 et 1930.
Il est possible que beaucoup d’entre vous ignorent qui est cet écrivain, c’est bien dommage et c’est pourquoi ce petit article lui est consacré. Joseph Delteil est un écrivain et poète français né en 1894 à Villar-en-Val dans l'Aude et mort en 1978 à Grabels dans l'Hérault.
Fils d’un père bûcheron-charbonnier, il vit les quatre premières années de son enfance à 30 kilomètres au sud de Carcassonne. De cette masure, il ne reste aujourd’hui que des moignons de murs, que l'on peut toujours voir en randonnant sur le « Sentier en poésie » — à l'entrée duquel on peut lire « Ici le temps va à pied » —, créé par ses amis pour honorer la mémoire du poète.
En 1898, son père achète une parcelle de vigne à Pieusse du côté de Limoux. C’est là, dira Delteil, son « village natal », au cœur du terroir de la blanquette de Limoux. Il y demeure jusqu’à son certificat d’étude (1907), puis il intègre l’école Saint-Louis à Limoux. Il est ensuite élève au collège Saint-Stanislas (petit séminaire) de Carcassonne.
Grâce à Pierre Mac Orlan, il publie en 1922 son premier roman, Sur le fleuve Amour, qui attire l'attention de Louis Aragon et André Breton. Delteil collabore à la revue Littérature et participe à la rédaction du pamphlet Un cadavre écrit en réaction aux funérailles nationales faites à Anatole France (octobre 1924). Breton le cite dans son Manifeste du surréalisme comme l'un de ceux qui ont fait « acte de surréalisme absolu ».
La publication, en 1925, de Jeanne d'Arc, ouvrage récompensé par le prix Femina, suscite le rejet des surréalistes et de Breton en particulier, malgré le scandale déclenché par ailleurs en raison de la vision anticonformiste de la « Pucelle d'Orléans ». Cette œuvre est, pour Breton, une « vaste saloperie ». Delteil participe au premier numéro de La Révolution surréaliste, mais après un entretien dans lequel il déclare qu'il ne rêvait jamais, il reçoit de Breton une lettre de rupture.
En 1931, il tombe gravement malade et quitte la littérature et la vie parisienne pour le sud de la France. En 1937, il s'installe à Grabels près de Montpellier où il mène jusqu'à sa mort une vie de paysan-écrivain, en compagnie de sa femme, Caroline Dudley, qui fut la créatrice de la Revue nègre.
Dans sa retraite occitane, il entretient de solides amitiés avec les écrivains (Henry Miller, etc.), les poètes (Frédéric Jacques Temple, etc.), les chanteurs (Charles Trenet, Georges Brassens), les peintres (Pierre Soulages), les comédiens (Jean-Claude Drouot, etc.). En publiant, en 1968, La Deltheillerie, il retrouve un peu de la notoriété des années 1920, soutenu par des personnalités comme Jacques Chancel, Jean-Louis Bory, Michel Polac, Jean-Marie Drot. C’est à la parution de cet ouvrage que je découvre Joseph Delteil, il y retrace sa vie faite d’évènements littéraires, sa fréquentation des grands auteurs de son époque mais aussi des moments plus intimes et finalement son retrait au calme à la campagne. Un bouquin truculent et débordant de vie, emprunt des idées de l’ère du temps, comme l’écologie naissante et ce genre de choses…
Photos : Le Bouquineur Sources : « Promenades littéraires dans Paris » de Gilles Schleisser – Wikipédia -
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