Richard Lange : La Dernière chance de Rowan Petty
11/03/2019
Richard Lange, né en 1961 à Oakland en Californie, est un écrivain américain. Issu d'un milieu ouvrier, il s'essaye aux études de cinéma à l'université de Californie du Sud, voyage en Europe et enseigne l'anglais à l'institut Berlitz de Barcelone. De retour à Los Angeles, il fait toutes sortes de jobs dans l'édition avant de se lancer dans l’écriture. A son actif, un recueil de nouvelles et ce troisième roman, La Dernière chance de Rowan Petty qui vient de paraître.
Rowan Petty, petit escroc néanmoins sympathique, se voit proposer une grosse affaire par une ancienne relation. Objectif : récupérer à Los Angeles deux millions de dollars, butin résultant d’une arnaque montée par des militaires en Afghanistan. Sur ce pitch de départ vont venir se greffer, Tinafey la prostituée Black dont notre héros va tomber amoureux, Sam sa fille qu’il ne voit guère et Carrie son ex-femme, Beck un acteur has-been, Tony le soldat estropié qui cache le fric…
Autant vous le dire tout de suite, ce ragoût très mangeable n’est pas assez épicé pour moi car Lange n’est pas un écrivain diabolique, alors si vous êtes amateur de romans noirs, passez votre chemin. Ici, nous sommes dans le gris très clair. Pour autant, le bouquin aura toute ses chances avec un large public comme par exemple : les cardiaques ou malades du cœur qui ne risqueront pas les émotions fortes, les âmes sensibles qui n’auront rien à craindre de scènes de violence appuyées, les prudes qui s’éviteront les scènes de sexe torrides, les lecteurs un peu lents du cerveau qui n’auront aucun mal à suivre l’intrigue. Ce qui fait déjà beaucoup de monde.
Et il ravira carrément celles qui aiment les belles histoires (larme au coin de l’œil) où un père absent retrouve sa fille et se voue à son avenir compromis par une grave maladie. En fait, je me demande d’ailleurs si ce n’est pas là, le vrai sujet du livre. Avec piques au système médical américain « - Soigner une tumeur coûte extrêmement cher dans notre pays. Vous pourrez négocier une remise, mais vous devez savoir qu’une maladie comme celle-ci peut vous laminer si vous n’y êtes pas préparé. – On parle de combien, à peu près ? – Un million de dollars au bas mot, et ça pourrait être beaucoup plus selon l’évolution de son état. – La vache. » Un million pour les soins, deux millions pour le magot… vous voyez le topo ?
Donc, le roman ne m’a pas emballé outre mesure mais je dois être juste, il se lit très bien avec son rythme mid-tempo et surtout sa naïveté rafraichissante. Je conclurai en laissant la parole à l’écrivain, « Merde alors, c’était du grand n’importe quoi » (page 380) – puisque l’auteur a toujours raison.
« Diaz remit le flingue dans sa poche et se rendit à la cuisine. La bestiole qui fouillait dans les déchets s’enfuit à son arrivée. Il perçut distinctement le bruit de ses griffes sur le lino gondolé. Il se mit à la fenêtre qui donnait sur le garage en ruine au bout de l’allée. Devant lui, l’évier débordait d’assiettes sales. Respirant par la bouche, il regarda le flic actionner la poignée et faire basculer la porte en métal. (…) Le flic sut tout de suite où chercher, bizarrement. Il déplaça une marmite à tamale et un sac de couchage, enfonça une main dans le trou et en sortit deux cabas de chez 99 Cents Only. Il regarda à l’intérieur pour vérifier puis ressortit du garage, qu’il referma. Ce mec est un ripou. Ca fit tilt dans l’esprit de Diaz. »
Richard Lange La Dernière chance de Rowan Petty Albin Michel – 400 pages –
Traduit de l’américain par Patricia Barbe-Girault
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