Véronique Bizot : Les Jardiniers
18/03/2019
Véronique Bizot est une écrivaine française née à Paris en 1958. Elle écrit des nouvelles et de courts romans. Les Jardiniers est un recueil de 6 nouvelles paru en 2008.
Tout est assez étrange avec ce bouquin. Ne serait-ce, déjà, que la façon dont il m’est arrivé entre les mains puisque je l’ai trouvé sur un banc parisien, entre la Sainte Chapelle et le Palais de Justice, où il attendait qu’un curieux se penche sur son cas. Ce que je fis, jamais à renâcler devant une lecture gratuite et fort aise l’ayant terminé, de cette bonne affaire. Oui, ce recueil est excellent.
Excellent car toujours déroutant ou surprenant. Véronique Bizot construit ses nouvelles avec une subtilité très maitrisée, chaque texte est très détaillé pour ce qui est accessoire mais très flou, pour ne pas dire plus parfois, pour l’essentiel ! Au mieux des bribes d’explications viennent a postériori éclairer le lecteur. Des dialogues, sans tirets pour les marquer, ajoutent à la densité et achèvent de vous plonger dans la perplexité.
Si on ne sait pas toujours de quoi il est réellement question dans certaines de ces nouvelles, n’allez pas croire qu’on s’en désintéresse, au contraire, c’est ce qui en fait le charme ! Par exemple, cet hôtel huppé au Portugal (L’Hôtel) où séjourne un couple de jeunes mariés, la jeune femme se plaint d’avoir vu des rats dans sa chambre, est-ce vrai ou faux ? En tout cas, c’est assez drôle. A l’inverse, dans La femme de Georges, la chute est digne d’un roman noir, quant à La Tour, là nous sommes dans une gentille extravagance avec un beau-père qui se défenestre à peine arrivé à Paris et le gendre avec un ami vont ramener le corps dans un bled d’Arménie pour l’enterrer de leurs propres mains on ne sait pas trop où… ça ressemble à du n’importe quoi dit comme ça, mais en fait c’est captivant car Véronique Bizot écrit très bien et chaque ligne nous réserve une surprise ou une interrogation.
Alors n’hésitez pas, si ce court bouquin passe à votre portée, sautez dessus, il mérite qu’on s’y attarde.
« Encombrés du cercueil, qui, à la sortie de l’avion, fut hissé dans un petit camion de location, nous ne nous attardâmes pas à Erevan. Quelque quatre heures d’une route accidentée en direction d’Artashat nous attendaient avant le village du beau-père de Saez où, avions-nous pensé, il se trouverait bien quelqu’un pour se charger des obsèques, auxquelles nous n’étions pas certains de vouloir assister. Saez conduisait, d’une conduite obstinée, et je dus passer à l’arrière du camion pour tenter d’empêcher le cercueil de brinquebaler et de venir cogner aux parois du véhicule, bénissant le ciel que nous ayons refusé le modèle avec hublot qui nous avait été proposé au motif que les proches du mort pourraient une dernière fois contempler son visage. » [La Tour]
4 commentaires
je recherche toujours des nouvelles à lire à haute voix et j'aime bien cette auteure alors cela pourra faire l'affaire.
Ca me parait remplir le contrat : De courtes nouvelles qui devraient faire l’affaire !
J'ai lu avec plaisir ses courts romans. Donc, noté!
Et moi si je déniche un de ses romans je me laisserai bien tenter….
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