David Mitchell : Slade House
24/06/2019
David Mitchell, né en 1969 à Southport, est un romancier anglais. Après avoir étudié la littérature anglaise et américaine à l'Université du Kent avant de poursuivre par un Master of Arts en littérature comparée il a vécu un an en Sicile, puis a déménagé à Hiroshima, où il a enseigné l'anglais technique à des étudiants pendant huit ans, avant de retourner en Europe pour s'installer en Irlande, où il habite actuellement avec sa femme japonaise et leurs deux enfants. Son septième roman, Slade House, vient de paraître.
Plantons le décor immédiatement, il s’agit d’une histoire de maison hantée et de ce genre de littérature.
Année 1959. Invités à une réception musicale, Nathan et sa mère se rendent à l’adresse prévue dans Slade Alley. Après de longues recherches pour trouver la demeure, Slade House, puis passé une minuscule porte (comme dans Alice aux Pays des Merveilles) ils pénètrent dans un immense jardin et rencontrent leur hôtesse, Lady Grayer. L’enfant et sa mère ne réapparaîtront plus. Disparus à jamais. Neuf ans plus tard, en 1988, Gordon Edmunds de la brigade criminelle, après le même parcours, s’évanouit dans cette maison maudite…
Le roman est découpé en cinq chapitres se déroulant chacun à neuf ans d’intervalle. A chaque fois, le scénario est le même, des personnages enquêtent sur la disparition précédente, peinent à trouver la maison, s’y aventurent et disparaissent à leur tour. Cette construction narrative en spirale est le bon point que j’accorderai à ce roman. C’est même la seule chose réellement bien du bouquin.
Sans trop entrer dans les détails, il s’agit d’une histoire de vampires revisitée en buveurs d’âmes. Ici on ne pompe pas le sang des victimes, on aspire leur âme pour s’assurer une vie éternelle ; exercice qui doit être renouvelé tous les neuf ans. Le lecteur devra donc faire fi de toute logique pour accepter les carabistouilles assez tortueuses déployées par l’écrivain mais c’est la loi du genre.
Qu’ai-je pensé de ce livre vous demandez-vous : je ne sais pas trop. Il est beaucoup moins bien que ce qu’en disent certaines critiques professionnelles lues dans la presse, mais il n’est pas désagréable à lire non plus. Un roman un peu souriant parfois, un peu énigmatique aussi, avec un peu de suspense, un peu long dans ses explications sensées nous faire comprendre comment fonctionne le processus des « buveurs d’âmes » et paradoxalement, en rompant le charme de l’ignorance, le récit perd beaucoup de son intérêt.
Un livre fait de beaucoup de « un peu »…. Je vous laisse en déduire un avis pertinent.
« « Nos hôtes. Les jumeaux. Je les ai… endormis, mais ils vont vite se réveiller. Ils seront en colère et ils auront faim. – Des jumeaux ? Qui ça ? Et qu’est-ce qu’ils veulent ? » Todd répond à voix basse, sur un ton égal : « Dévorer ton âme. » C’est une blague, il va me l’avouer. J’attends. J’attends encore. « Slade House est leur système d’assistance respiratoire, Sal, et cette machine carbure aux âmes, mais pas de n’importe quel type. C’est un peu comme les groupes sanguins : le rhésus qui leur convient est très rare, et ton âme correspond à ce très rare type. Il faut qu’on exfiltre. Tout de suite. On va descendre l’escalier, sortir par la cuisine, traverser le jardin, puis quand on sera dans Slade Alley, on devrait être en sécurité. Ou un peu plus en sécurité, en tout cas. » »
David Mitchell Slade House Editions de l’Olivier – 270 pages –
Traduit de l’anglais par Manuel Berri
2 commentaires
Oh ce livre a tout pour ne pas être dans mon créneau de lecture! ^_^
Il n’est pas nul, juste très quelconque. J’avoue m’être fait avoir : je n’avais aucune raison particulière pour lire ce roman mais une critique dans Le Monde m’a laissé penser qu’il y avait ici un angle d’approche original et une voix sortant de l’ordinaire… Erreur.
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