James Joyce : Gens de Dublin
15/06/2020
James Joyce, de son nom de naissance James Augustine Aloysius Joyce (1882-1941), est un romancier et poète irlandais, considéré comme l'un des écrivains les plus influents du XXe siècle. Ses œuvres majeures sont un recueil de nouvelles, intitulé Gens de Dublin (1914), et des romans tels que Portrait de l'artiste en jeune homme (1916), Ulysse (1922), et Finnegans Wake (1939).
James Joyce, c’est une sorte d’épouvantail au milieu de la littérature de haut niveau. Nombreux sont ceux – et j’en suis – qui s’en font une montagne attirante autant qu’inquiétante. Je vous laisse à vos raisons, je vous donne la mienne : il y a bien longtemps, j’ai lu les romans de l’écrivain sans en garder un souvenir impérissable, sauf qu’il y a cet Ulysse ! Ce machin dont tout le monde parle quand on cite Joyce, ce bouquin qui m’est tombé des mains après quelques pages et que je n’ai jamais repris, malgré toutes les résolutions réactivées années après années, et même le confinement ne m’en a pas donné le courage… Du coup, pour biaiser ma lâcheté, je me suis rabattu sur ce recueil de nouvelles qui m’avait échappé jusqu’alors et là, je m’adresse aux jeunes lecteurs ou à ceux qui n’ont jamais lu Joyce, voici le livre par lequel il faut commencer pour aborder son œuvre.
Gens de Dublin est un recueil de quinze nouvelles, sans lien apparent entre elles, si ce n’est qu’elles se déroulent toutes à Dublin – ville natale de l’écrivain - et nous offrent une vision de la société irlandaise de cette époque. Une société faite de traditionalisme (règles sociales) et marquée par la religion.
Ces textes nous mènent aux côtés de gamins faisant l’école buissonnière qui croisent le chemin d’un vieux type étrange adepte des châtiments corporels (Une Rencontre), d’une jeune femme vivant péniblement entre père et frères mais qui renoncera à la dernière minute à la chance d’évasion offerte par un amoureux (Eveline), d’un employé de bureau alcoolique et minable qui se venge de sa soirée ratée en battant son fils (Correspondance), de la très émouvante Ursule (Cendres), d’un célibataire qui renonce à la tendre amitié d’une femme mariée esseulée, ce qui lui fera prendre conscience de sa profonde solitude (Pénible incident) etc.
Comme vous le voyez, on ne rigole pas beaucoup, la tonalité générale est plutôt à la mélancolie, aux désirs avortés, évoqués par un écrivain très lucide. C’est évidemment fort bien écrit et très compréhensible par tous avec néanmoins dans le style du récit une certaine distanciation qui tient toujours le lecteur comme un observateur neutre devant ces bribes de vies et d’instants. Si le lecteur se replace dans le contexte de l’époque, il sera étonné par la très grande modernité de l’écriture. Je ne vais pas m’étaler sur cet angle, je vous conseille (et plus encore) de lire la préface de Valery Larbaud, en quelques pages il analyse rapidement toute l’œuvre de Joyce, c’est limpide et d’une très grande clarté, au point qu’on s’imagine avoir tout compris de James Joyce ! Je dirai même plus, ça m’a donné envie de lire Ulysse ! Heu…. ?
« Il n’avait ni compagnons, ni amis, ni église, ni foi. Il vivait sa vie spirituelle sans communion aucune avec autrui, rendant visite aux membres de sa famille à la Noël et les escortant au cimetière quand ils mouraient. Il accomplissait ces devoirs sociaux pour la sauvegarde de la traditionnelle dignité, mais n’accordait rien de plus aux conventions qui régissent la vie du citoyen. Il se permettait la pensée qu’en certaines circonstances il volerait sa banque, mais comme ces circonstances ne se présentaient jamais, sa vie s’écoulait uniforme, un récit sans aventures. » [Pénible incident]
James Joyce Gens de Dublin Pocket – 250 pages –
Traduit de l’anglais (Irlande) par Yva Fernandez, Hélène du Pasquier, Jacques-Paul Reynaud
2 commentaires
Vous me connaissez, en matière de littérature (je ne parle pas de truc niaiseux), pas grand chose ne me résiste, sauf! Ulysse justement. J'ai jeté l'éponge (définitivement?) au tiers, après en avoir lu un ou deux chapitres en VO (et là c'est même pas pire, je soupçonne la traduction d'exagérer, j'ai un exemple). Mais je m'ennuyais.
Bon, après tout, pourquoi pas des textes moins monumentaux?
Le « cas » Ulysse turlupine beaucoup de monde, votre « ? » semble indiquer que tout comme moi, l’abandon en cours de lecture à priori définitif laisse néanmoins ouverte la porte d’un nouvel essai…. Moi, ça fait quarante ans que j’y songe sans jamais aller plus loin….
Par contre « Gens de Dublin » est lisible par tout le monde !
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