Sandrine Collette : Animal
21/08/2020
Sandrine Collette, née en 1970 à Paris est une romancière française. Passé un bac littéraire puis un master en philosophie et un doctorat en science politique, elle devient chargée de cours à l'université de Nanterre tout en travaillant à mi-temps comme consultante dans un bureau de conseil en ressources humaines. Animal date de 2019.
Pokhara au centre du Népal. Mara, jeune veuve, délivre deux petits enfants attachés au pied d’un arbre, elle les nomme Nun pour le garçon et Nin pour la fillette. Misère, bidonville, embrouilles, la petite famille explose, dispersée. Vingt ans plus tard, nous sommes au Kamtchatka, en Russie, Lior (aux allures d’Anne Parillaud dans Nikita), son époux Hadrien et un petit groupe de chasseurs chevronnés sous la houlette d’un vieux guide, participent à une chasse à l’ours brun qui va dégénérer quand ils vont s’attaquer aux traces d’un bestiau particulièrement retors, « Alors à l’aube, à l’instant où le ciel se grise, l’ours attaque » et le bouquin démarre réellement…
Le roman est divisé en trois séquences. Un prologue au Népal qui présente les principaux acteurs, Mara et les deux petits. Une première partie qui se déroule en Russie et narre une extraordinaire partie de chasse qui oppose Lior, une redoutable chasseuse à l’instinct hyper développé et n’ayant peur de rien, quasiment possédée par sa quête de la bête et un ours non moins banal, doté d’une intelligence hors norme. La seconde et dernière partie revient à Pokhara, Lior a aujourd’hui la trentaine, avec Hadrien elle est encore en chasse, mais cette fois la peur au ventre elle va devoir affronter les tigres – dont elle a une frayeur phobique depuis toujours, et son passé qui se refuse à son esprit.
Un roman qui m’a moyennement emballé, disons le tout de suite.
Je passe sur des points sans importance comme cette légère similitude avec Six fourmis blanches, un petit groupe lâché en pleine nature avec un guide portant presque le même nom qu’ici… La seule partie qui m’ait intéressé est la chasse à l’ours. La dureté du terrain, le drame, la « folie » presque surnaturelle animant la jeune femme, les ruses phénoménales déployées par l’ours, le désespoir d’Hadrien qui lui déteste la chasse et n’est là que pour suivre (comme il peut) sa femme. C’est costaud et la fin de cet épisode est absolument remarquable de beauté morale.
Et puis il y a la dernière partie qui revient au Népal et là franchement, ça devient souvent pénible. Pas que. Mais souvent. Je ne vous dis pas pourquoi mais tout lecteur normal a compris depuis bien longtemps (page 88 pour les moins rapides) le rapport entre les acteurs du Népal et notre héroïne. Et même s’il y a quelques jolies choses, globalement c’est trop long (Naïf ? Nunuche ? Convenu… ?), trop de redites et ce finale d’un lourdingue épouvantable…..
Le roman n’est pas mauvais, d’un intérêt en dents de scie, et je vois très bien pourquoi certains y trouveront leur compte, mais pour moi il y a trop de déchets. Sandrine Collette distille son histoire avec l’air de ne pas y toucher, une distanciation typique de son style habituel. Ce fût un atout précieux dans ses premiers romans mais maintenant je me lasse, l’effet de surprise n’est plus au rendez-vous.
« Mille fois, il s’était dit qu’il aurait dû s’enfuir. Abandonner Lior et sa fascination pour la chasse, et ces drôles de choses dans sa tête – il le percevait dans tant de signes minuscules : par exemple à la maison, quand elle se laissait tomber en arrière, raide et droite et les bras en croix, sur le lit, sur le canapé, sur le tapis. Chaque fois, le temps d’une fraction de seconde, il cédait à la panique, est-ce qu’elle perdait connaissance, est-ce qu’elle mourait. Elle restait immobile là où elle s’abattait, les yeux grands ouverts et le regard replié à l’intérieur. Qu’est-ce que tu fais ? disait-il dans un souffle. Elle ne savait pas. Cela lui venait, c’est tout. »
4 commentaires
J'ai découvert cette auteure avec son dernier roman, de l'anticipation, que j'ai bien aimé. Et je me demandais que lire d'autre de Sandrine Collette ?
J’ai chroniqué tous ses romans, sauf le dernier « Et toujours les forêts », donc regarde mes billets…. Peut-être que « Il reste la poussière » est son meilleur ?
J'avoue avoir du mal avec ce genre de livres où on est censé avoir peur . OK, j'ai peur, je stresse, mais pas besoin de ça. Là je suis dans un polar de Connelly et j'ai l'impression d'être prise pour un être humain sensé et réfléchi.
Parler de « peur » me semble exagérer. Même dans ses meilleurs romans je n’en ai pas vue, il y a du suspense, de l’intrigant voire inquiétant dans certains mais sans plus… ce ne sont pas des thrillers qu’on n’ose ouvrir la nuit ! Du moins est-ce mon avis et ressenti.
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