Pierre Lemaitre : Robe de marié
21/06/2021
Pierre Lemaitre, né en 1951 à Paris, est un écrivain et scénariste français. Psychologue de formation et autodidacte en littérature, il effectue une grande partie de sa carrière dans la formation professionnelle des adultes, leur enseignant la communication, la culture générale ou animant des cycles d'enseignement de la littérature à destination de bibliothécaires. A partir de 2006 il se consacre à l'écriture en tant que romancier et scénariste, et obtient la consécration en 2013 quand il reçoit le prix Goncourt pour Au revoir là-haut (suivi d’un César en 2018 pour son adaptation au cinéma). L’écrivain est aussi auteur de polars/thrillers comme ce roman, Robe de marié, paru en 2009.
Sophie, l’héroïne du bouquin, souffre de problèmes psychologiques graves qu’elle cache comme elle peut, perturbée par des pertes de mémoires ponctuelles. Nurse chez un couple très occupé professionnellement, elle veille sur le petit Léo, six ans. Un matin au réveil, Sophie découvre le cadavre de l’enfant dans son lit. Elle réalise qu’elle a assassiné le gosse lors d’une de ses crises de folie. Elle ne peut que fuir. Une fuite insensée qui va nous entrainer dans un scénario incroyable de perversité et de surprises où les malheurs de Sophie ne font que commencer !
Un thriller en quatre parties, qui débute sur les chapeaux de roues et met le lecteur sur le cul. Lecteur déjà fort intrigué avant même d’avoir ouvert ce livre, par son titre incongru où la mariée est au masculin !
Les quatre parties sont en ordre décroissant de pages, ce qui n’est pas plus mal en fin de compte. La première est un modèle du genre thriller angoissant et intrigant. Sophie tue un gosse – y-a-t-il crime pire que celui-ci ? – et tout ce qui va suivre est horrible, car dans sa cavale d’autres cadavres vont s’ajouter à son CV ; pourtant, jamais Sophie ne nous sera antipathique, je dirais même au contraire ! Je ne vous raconte pas toutes les péripéties de l’intrigue, mais disons que son plan, c’est trouver à se marier et refaire sa vie sous une autre identité.
Le second chapitre met en scène un nommé Frantz et le roman prend une autre tournure, car ce coco-là est bien étrange lui aussi : il épie Sophie depuis longtemps et il s’est introduit dans son intimité sans qu’elle le sache : vol de documents chez elle, prise de contrôle de son ordinateur et téléphone portable etc. Autre type d’angoisse pas moindre, car si ça nous arrivait ? Glups !
Pourtant le roman commence à montrer ses faiblesses. Jusqu’alors on acceptait les invraisemblances ou exagérations du scénario, heureux de frissonner à cette lecture bien troussée, mais au bout d’un certain temps ça use, on voit des longueurs dans la surveillance minutieusement décrite pas à pas de Sophie par Frantz, l’intrigue devient plus alambiquée. D’autant que les motifs de Frantz commencent à se dessiner, il veut se venger et tuer Sophie, pourquoi on ne le sait pas encore, mais la psychanalyse commence à pointer le bout de son nez.
La fin du roman reprend du poil de la bête, Sophie comprend ce qui lui est arrivé, un duel serré s’instaure entre elle et Frantz, au bout la mort pour le vaincu….
Si on ne chipote pas trop, il s’agit d’un bon roman mais : pour moi, il est mal équilibré avec des longueurs au milieu ; le genre de roman qui fait rigoler quand on le résume en deux lignes – tellement abracadabrant – mais pas désagréable à lire pour frissonner tranquille dans son fauteuil.
« Je viens de faire la connaissance du père de Sophie. L’air de famille est indubitable. Il est arrivé hier. A voir sa valise, il ne devrait pas rester longtemps. C’est un homme grand, mince, la soixantaine, élégant. Sophie l’adore. Ils vont ensemble au restaurant, comme des amoureux. En les regardant, je ne peux m’empêcher de penser à la période où Mme Auverney, la mère de Sophie, était encore vivante. Je suppose qu’ils parlent d’elle. Ils n’y penseront jamais autant que moi. Si elle était encore vivante, nous n’en serions pas là… Quel gâchis. »
2 commentaires
Un des premiers lus de Lemaître mais celui-là m’avait hérissée... outrancier, j’avais deviné la fin très vite et la construction était visible. Heureusement il en a écrit de bien meilleurs.
Pas faux Brigitte ! Dans le genre, Je préfère "Alex"....
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