Boitier ou pas boitier ?
07/08/2021
Les livres de la collection de la Pléiade chez Gallimard sont vendus dans un coffret cartonné blanc, laissant la tranche dorsale gravée à l’or fin du nom de l’écrivain, apparente. Deux possibilités s’offrent à l’heureux possesseur de ces magnifiques ouvrages au moment de les ranger dans sa bibliothèque, soit conserver le livre dans son coffret, soit se débarrasser de l’emballage cartonné.
C’est là que se situe mon problème. Le même dilemme que celui qui perturbe les barbus, dormir avec la barbe par-dessus la couverture ou sous la couverture ? Ca vous paraît peut-être anodin et sans intérêt voire absurde – grand bien vous fasse si c’est le cas – mais moi ça me prend la tête depuis plusieurs années.
J’aime examiner les photos de bibliothèques d’écrivains dans les magazines ou dans leurs maisons quand on peut les visiter. Dans la majorité des cas, me semble-t-il, ils conservent ces livres sans les boitiers. Et j’avoue qu’esthétiquement parlant, c’est plutôt réussi. De plus ça donne l’impression que les bouquins sont souvent manipulés, consultés, lus et relus. La classe, quoi.
Mais, d’un autre côté, ça contrarie mon esprit pragmatique et je m’explique : le dos du coffret indique le titre de tous les textes contenus dans le volume et si on prend par exemple, la Pléiade consacrée à Tanizaki (Œuvres volume 1), il y a trente-quatre titres dans ce seul bouquin ! Si j’ai besoin de retrouver un texte d’un des écrivains dont je possède une de ces éditions Gallimard, il m’est beaucoup plus facile et rapide, de consulter le dos du coffret, que d’ouvrir le volume, et chercher dans les dernières pages, la table où sont consignés ces titres. Vu sous cet angle mon dilemme est réglé.
L’ennui, c’est que ces livres d’un certain prix ne le cachons pas, je les bichonne, les manie avec précautions et m’évite toute trace de crayon dans les marges pour ne pas en altérer l’intégrité. Conservés en plus dans leur boitier – que le vulgaire qualifierait d’emballage ! – ça donne l’impression qu’ils sont là, offerts à la vue pour la frime, comme s’ils n’avaient jamais été lus. Or, qu’y-a-t-il de plus minable qu’une bibliothèque de livres non lus, juste là pour faire bien ?
Finalement je garde mes coffrets, mais ça me turlupine quand même…
6 commentaires
Je n'ai que très très peu de Pléiade, ne les recherchant pas. Mais pour moi, pas question de perdre la boite. Je n'y songe même pas. Ce qui distingue ces livres des autres, c'est certes le contenu de qualité supérieure, mais également le bel objet, la reliure, le papier bible etc. On ne va pas risquer d'abimer ça.
Entièrement d'accord évidemment !
Ah bonne question! En fait, n'en possédant que 4, et lus, sauf une petite partie du 4ème)!, j'ai gardé les coffrets.
Je viens d'en emprunter un à la bibli (ces gens vivent dangereusement), et il a son coffret, bien pratique pour avoir une idée du contenu.
"bien pratique pour avoir une idée du contenu" tout est dit ! C'est bien pourquoi, finalement, je conserve mes livres dans leur boitier.
Ah ben pour ma part, je ne me suis même pas posée la question : boîtier !
Pour toi comme pour moi ça semble une évidence.
Dans ces conditions, je ne m’explique pas pourquoi toutes les photos de bibliothèques d’écrivains ou d’intellectuels montrent des Pléiades sans boitiers ?
Peut-être que ces gens ont une autre logique que celle des communs des mortels ? Ah ! Ah ! Ah !
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