Karl Ove Knausgaard : Fin de combat
16/09/2021
Karl Ove Knausgaard, né en 1968 à Oslo, est un romancier norvégien. Après des études d'art et de littérature à l'université de Bergen il publie un premier roman en 1998 et reçoit pour son livre le prix de la Critique. Karl Ove Knausgaard vit en Suède avec sa femme, elle aussi écrivain, et leurs enfants. Connu pour son cycle de six romans autobiographiques intitulé Mon combat, le sixième et dernier volume intitulé Fin de combat vient de paraître en poche.
Tous les épisodes précédents sont chroniqués, je ne pouvais pas louper l’épilogue mais j’ai fait la grimace quand le bouquin est arrivé dans ma boite aux lettres ; certes je savais que l’écrivain ne lésinait pas sur la quantité, des bouquins d’au moins cinq cents pages, mais là, ce pavé de mille cinq-cents pages… Je l’ai joué zen, avec méthode, une belle tranche chaque jour sans exagération, intercalée avec la lecture d’autres romans plus courts. Et grosso modo, je l’ai fait !
De quoi est fait cet énorme livre ? Quatre fils se mêlent pour en tisser la trame : Sa vie quotidienne avec sa femme Linda et leurs enfants ; la publication du premier tome de cette œuvre avec les controverses qu’elle suscita alors ; un essai sur Hitler (!) ; et de nombreuses réflexions d’ordre philosophiques ou existentielles sur divers sujets.
Sa vie quotidienne, entre-nous on s’en fiche complètement, j’ai d’ailleurs sauté quelques pages quand il torche ses mômes ou fait le ménage, paradoxalement se sont aussi les plus touchantes… L’essai sur Hitler, j’avoue ne pas avoir très bien compris comment il pouvait se retrouver ici, il fait une analyse psychologique du petit moustachu.
Les deux autres sujets sont plus intéressants. Le but de son livre, « dans ce livre j’ai essayé, j’ai essayé de me libérer de tout ce qui m’attache », non seulement ses liens avec ses parents, surtout son père, mais aussi avec les valeurs qu’ils lui ont transmises. Atteindre ce but passait par la vérité d’abord, mais à trop s’attacher à dire la vérité dans sa plus cruelle réalité, on s’attire des inimitiés, qui se concrétiseront par les réactions de certains membres de son entourage lors de la publication du bouquin et par le ramdam véhiculé par la presse y voyant matière à se repaître de cet étalage intime. Cet ultime volet nous donne sa version des faits – sa version à lui.
Enfin, le dernier angle, ce sont les divers thèmes de réflexions qu’il développe et dont je vous donne quelques exemples : comment représenter la vérité sans lui ajouter quelque chose qu’elle n’a pas ? le rôle du roman, où l’on peut dire tout ce qu’on veut, « un lieu où est pensable ce qui est impensable ailleurs », qu’est-ce qu’écrire ? Etc. les grands écrivains sont appelés à la rescousse pour étayer ses propos forts savants et globalement passionnants.
Pour conclure, je redirai ce que je dis depuis le premier tome de ce machin invraisemblable : je ne sais pas pourquoi je l’ai lu, encore moins pourquoi j’y suis revenu à chaque sortie de volume mais ce que je peux dire, c’est que ça tient à son écriture. Elle semble très banale mais elle m’emporte et n’était l’épaisseur fort exagérée et touchant à l’overdose de ses livres, je crierais au génie.
« Pas une seule fois je n’avais pensé que j’avais exagéré en racontant ce qui s’était passé, pas une seule fois je n’avais pensé que je me servais de papa et de grand-mère, les évènements que je décrivais étaient trop énormes, et ce vers quoi je me dirigeais, trop important. (…) Peu importe que je sois terrifié rien qu’en voyant le mot « procès », et glacé d’effroi quand Gunnar prétendait avoir des témoins pour prouver que j’étais un menteur, il me fallait tenir bon, je ne pouvais pas abandonner l’histoire de mon père. Même si elle était mensongère ? »
Karl Ove Knausgaard Fin de combat Folio – 1509 pages –
Traduit du norvégien par Christine Berlioz, Laila Flink Thullesen, Jean-Baptiste Coursaud et Marie-Pierre Fiquet
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