Joseph Incardona : Permis C
27/01/2022
Joseph Incardona, né en 1969 à Lausanne de mère suisse et de père sicilien, est un écrivain, scénariste et réalisateur suisse. Il est l'auteur de romans, de scénarios pour le théâtre, le cinéma et la bande dessinée, ainsi que réalisateur de cinéma. Permis C, roman paru en 2016, est largement autobiographique.
Suisse, fin des années 70. André Pastrella, le narrateur, est un gamin d’une douzaine d’années, fils d’un Sicilien espérant obtenir le Permis C, permis de séjour définitif, et d’une suissesse. Une famille aux revenus modestes, déménageant de HLM en HLM selon les emplois trouvés par le père. André, gamin solitaire tente de se frayer un chemin en ce début de vie difficile…
Des bouquins relatant des souvenirs d’enfance, il y en a une floppée sur le marché et celui-ci, surtout au début m’a franchement rappelé ceux de Cavanna, Italie oblige. Et si Joseph Incardona est un écrivain toujours très agréable à lire, j’ai eu peur de m’ennuyer un peu, car globalement il y a là beaucoup de choses lues ailleurs, un couple parental ayant des hauts et des bas, un gamin qui s’éveille aux premiers émois sexuels, des résultats scolaires en dents de scie, une solitude devant affronter un chef de bande qui l’a pris en grippe, lui le Rital, des vacances en Sicile chez les grands-parents pour un mois de bonheur absolu…
Pourtant l’écrivain tire son épingle du jeu face à la concurrence, j’ai dit qu’il écrivait bien mais surtout il y a dans ce roman, car c’est un roman, un ton particulier qui le distingue de la majorité des autres, j’ai trouvé - peut-être ai-je tort – cet André pas vraiment sympathique ! Certes, il s’agit d’un ado avec des problèmes d’adolescent, en conflit avec le père et la société, ceci excusant beaucoup de cela ; le gosse se cherche et se met de lui-même, en partie, dans les ennuis.
Le roman est plein d’anecdotes et évènements, on ne s’ennuie jamais, c’est un très bon bouquin mais son acteur principal, me laisse un goût amer en bouche.
« Ma mère n’avait toujours pas répondu à ma question. Au fond, aller faire un tour, comme je le lui demandais, équivalait à une métaphore bien plus vaste et définitive. Peut-être avait-elle déjà compris ce que j’ignorais moi-même, qu’en réalité je lui demandais l’autorisation de me laisser partir, de me laisser la quitter ? Car cela adviendrait, bien sûr. Pas tout de suite, encore six ou sept ans, le temps de la majorité légale, mais elle savait que je partirais tôt, que je ne reviendrais que pour des escales, qu’il lui faudrait vieillir seule avec son époux égoïste et irascible, le chérir, le servir, le vénérer. Elle n’était pas assez forte pour le quitter à son tour. »
2 commentaires
J'imagine que ce n'est pas si simple pour un Italien de se faire accepter en suisse .rien que pour cela cela donne envie d'en savoir plus.
Ma chronique n’est pas enthousiaste, car ce n’est pas son meilleur livre à mon avis, mais le roman se lit plaisamment…. Donc n’hésite pas !
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